À l'assaut

ÉTAT DES LIEUX / Certaines associations ont créé, dirigent et gèrent des entreprises culturelles majeures sur l’agglomération. On pense à La Bobine, mais aussi à l’Adaep. Deux lieux de vie et de spectacles importants qui connaissent des changements. Séverine Delrieu

Depuis le 30 novembre dernier, la décision de mise en liquidation de l’ADAEP par le tribunal administratif est effective. L’association pour le développement des arts et expressions populaires n’existe plus ; ses salariés ont été licenciés courant décembre. Pour autant, le projet global mis en place par l’ADAEP continue, quasi à l’identique : une nouvelle association nommée Stud reprend le fonctionnement de la structure, avec à sa tête un nouvel administrateur, Gilles Rousselot, ex-administrateur de Cap Berriat. La salle jouissant d’une reconnaissance publique importante, le nom de la salle restera ADAEP. Mais, quoique l’on en dise, c’est quand même la fin d’une période. «Il y a quand même quelque chose qui se finit avec toute une équipe. Il ne faut pas oublier que l’on s’était tous mis à fond pour sauver l’ADAEP en plus de notre boulot», rappelle Delphine de l’association AREMDAT (Agence pour la Recherche et l’Enseignement des Musiques et Danses Traditionnelles), une des cinq associations membres. Lutte qui aura été au final bénéfique, puisque débouchant sur la très probable pérennisation du projet global. Lutte à laquelle se sont joints d’autres associations, telles que EVE ou la Bobine, conscientes de la nécessité de soutenir d’autres associations porteuses d’un projet culturel fort et attirant un large public. Lutte qui a aussi joué sur le résultat du rendez-vous que Gilles Rousselot a obtenu avec le Maire au début du mois de décembre dernier. Rendez-vous qui a en effet permis à la nouvelle équipe de lancer son projet, La Mairie s’étant engagée à financer une partie des travaux de remise aux normes du lieu, et à apporter des subventions de fonctionnement.Reconnaissance financièreA priori, les subventions tant escomptées devraient être votées. «En novembre dernier, nous avons eu 15 000 euros de la Ville pour que l’activité continue. Pour le reste, cela doit être voté au Conseil Municipal de décembre» explique Gilles Rousselot. Seront votés, si tout se passe bien, 70 000 euros pour les travaux, ainsi que 15 000 euros de fonctionnement. En janvier, la Ville devrait de nouveau voter 70 000 euros pour les travaux, et 80 000 euros de fonctionnement. Une enveloppe globale de 140 000 euros pour les travaux, sur un coût global estimé à 230 000 euros. Pour le reste du budget travaux, Stud se tourne vers les autres collectivités locales. «Concernant le Conseil Général, il devrait financer les travaux à hauteur de 25%. Je n’ai pas de retour officiel, mais le dossier est suivi et il y a la volonté politique. Avec la Région, j’ai beaucoup plus de difficultés, j’ai du mal à avoir des rendez-vous, même téléphoniques». Pour en arriver à cette reconnaissance, les nombreuses mobilisations, la célébration des 30 ans qui a montré le poids de cette structure dans l’histoire et le temps présent, l’augmentation de la fréquentation, et peut-être la liquidation et l’arrivée d’une nouvelle équipe ont certainement joué. Pour Alexis, membre du Conseil d’Administration de Stud (qui compte 16 personnes dont bon nombre de bénévoles des associations membres), «ce que la dernière équipe a réussi à faire ces deux dernières années, c’est de montrer la responsabilité de la Ville quant à son positionnement sur l’aide aux structures culturelles, avec des disproportions sur l’aide apportée aux très gros équipements et à ceux qui sont plus petits. Je pense que l’ADAEP a tenu suffisamment bon aux vues des échéances qui arrivent, les Municipales. Et dans ce contexte, la Ville ne pouvait pas se permettre de perdre une salle». Un projet de politique CulturelleSi Stud parle «de la même histoire qui se poursuit, et non d’une autre histoire», et même si les associations membres (AREMDAT, La Petite Roulotte, Step, Piment Vert, Musact) ont toujours toute leur place dans le lieu, quelques changements vont être apportés au projet. «Le changement, c’est que l’on est autant sur une ouverture aux projets qu’aux associations : on ne souhaite pas une succession de créneaux dévolus aux associations. On souhaite travailler sur un projet plus global et plus collectif» résume Alexis. C’est-à-dire accueillir des résidences courtes d’intervenants extérieurs et accompagner hors les murs des projets pertinents ; la volonté étant de travailler avec d’autres lieux et «faire en sorte qu’il y ait un rayonnement». Stud sera en tête du réseau la structure qui permet de mutualiser des fonctions et des postes (comme l’était l’ADAEP). Mais ses membres insistent pour qu’il y ait un projet de politique culturelle. «Je pense très sérieusement que si nous avons des problèmes d’individualisme, de perte de repères, de gens qui se créent des identités agressives, en rejet ou en s’isolant, c’est parce qu’on a oublié que la culture c’était le lien social. C’est pour cela qu’on parle ici de projet politique», rappelle Gilles Rousselot. Un projet politique nourri du projet de vie culturelle qui se construit autour d’une logique pluridisciplinaire, croisant la production, la diffusion, la transmission, les expressions et les pratiques artistiques amateurs ou professionnelles. La prochaine grande étape sera donc la réouverture du lieu prévu en février après la période des travaux qui devrait débuter en décembre.

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