Festivités participatives

Du haut de leurs dix années d’existence, le festival Quartiers Libres et l’association Sasfé restent plus que jamais fidèles à leur ligne conductrice : sensibiliser tous les publics aux joies intenses de l’émulation artistique. François Cau

A la base du projet, la plus saine des utopies. Celle d’imaginer que la pratique artistique puisse être accessible à tous, en particulier dans les zones urbaines a priori les plus démunies en termes de propositions culturelles. Que cette initiation pragmatique puisse, si ce n’est forcément susciter des vocations à l’évidence frappante, du moins rassembler des énergies complémentaires, les encourager à se transcender à travers la création, et valoriser leurs efforts lors d’une manifestation annuelle mettant en valeur le travail de chacun. Pour ce faire, la démarche des membres de l’association Sasfé s’est ainsi divisée en deux temps : un travail mené tout au long de l’année dans des ateliers de sensibilisation (incluant des formations musicales de toutes sortes, des ateliers de création en tous genres, et cette année, un focus particulier sur l’écriture), qui trouvera son écho rêvé lors d’une manifestation annuelle faisant la part belle aux événements déambulatoires, le festival Quartiers Libres. Le tout faisant la jonction entre différents quartiers grenoblois, dans le but de créer une immixtion entre des populations pas forcément amenée à se croiser en dehors de ce cadre.

Enquête d’identité

Ces deux axes ont souvent brouillé les cartes dans l’appréhension du boulot accompli par l’association, y compris pour les tutelles. « Certains pensent que notre projet en amont devrait être plus développé, d’autres que le festival devrait prendre plus d’ampleur, chacun prend un peu ce qui l’intéresse, essaie de nous mettre dans une case ou l’autre. Mais pour nous, les deux aspects sont indissociables », nous confirme Sybille Sorrel de l’association Sasfé. Autre écueil : l’assimilation de leur sphère de compétence au seul quartier de la Villeneuve. Même si le cœur et les locaux de l’asso y ont leurs assises, et que le vivier des ateliers y est particulièrement fécond, l’action de Sasfé vise au contraire à désenclaver les habitants, les pousser à la rencontre de l’autre, cet inconnu au sourire parfois si doux. Un travail de longue haleine, qui a graduellement porté ses fruits sur le long terme. Au bout d’une décennie d’activité, Sasfé voit avec plaisir des publics revenir d’année en année, se familiariser avec le spectacle de rue, dépasser la simple acception d’une fête de quartier pour réellement s’investir. « L’an dernier, à la fin du festival, quelques acteurs de la compagnie Générik Vapeur ont improvisé une déambulation entre la MC2 et le Parc Hoche, et on a vu une cinquantaine de personnes les suivre sur tout le trajet. Ça peut paraître anodin, mais quand on voit des gens qui se sont impliqués dans le projet de bout en bout, pour nous, c’est énorme. C’est pour ça qu’on réagit bizarrement quand on nous demande des chiffres, on ne fonctionne pas comme ça, les résultats de notre action, on les mesurera dans dix ans peut-être… ».

L’âge de déraison

Justement, hey, ça tombe bien, le festival Quartiers Libres célèbre cette année sa dixième édition. Ses objectifs demeurent inchangés : solliciter la participation de toutes les populations, faire découvrir le large spectre du spectacle de rue en dehors de toutes ses connotations péjoratives, sans oublier d’en mettre plein la vue avec des spectacles visuellement imposants (avec les sbires de Délices Dada et leur dernière création, Rushs, ou avec les superbes marionnettes gonflables du spectacle Babilonia des Plasticiens volants), et plein les oreilles avec des concerts à même de faire guincher les plus rétifs à l’atmosphère festive (on ne saurait trop vous conseiller le concert du New York Ska Jazz Ensemble dans cette optique). Histoire de fêter dignement cet anniversaire hautement symbolique, le festival se voit adjoindre pour la première fois un pendant off, voué à faire la part belle aux artistes amateurs, indispensables figures de proue d’une manifestation généreuse avant toute chose.

Quartiers libres
Du 3 au 6 juin, lieux divers

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