Isabelle Stragliati : « Une approche plus libre de la radio »

Documentaire radiophonique / Peut-être plus connue du public grenoblois sous le nom de Rescue, son alias de DJ, Isabelle Stragliati est également l’autrice de créations radiophoniques ambitieuses. La dernière d’entre elles, le documentaire "Virginie, Virginia, Simone et moi", explore et interroge l’engagement féministe d’hier et d’aujourd’hui. Rencontre.

En quoi consiste la création radiophonique ?

Isabelle Stragliati : Le terme permet d’englober un certain nombre de pratiques radiophoniques qui ne rentrent pas forcément dans les cases "traditionnelles" de la radio (reportage, émission musicale, débat, table ronde, information…). C’est une approche plus libre de la radio, affranchie des contraintes habituelles de format, de durée et de structure, qui permet de donner naissance à des formes un peu hybrides empruntant à différents genres, courants et influences : interview, documentaire, fiction, musique, field recording…

Comment y es-tu venue ?

C’est venu assez tard. J’ai commencé la radio de manière assez conventionnelle, avec une émission hebdomadaire sur Radio Campus Grenoble dans laquelle je partageais mes trouvailles musicales. Par la suite, j’ai commencé à y travailler et ça m’a permis de découvrir tous les aspects de la pratique : technique, communication, programmation, coordination… Ce qui m’a progressivement amenée vers la création radiophonique, que je ne connaissais pas vraiment : j’ai participé à un atelier à Marseille avec Radio Campus France, dans lequel on avait trois jours, avec différentes personnes du réseau, pour imaginer une pièce radiophonique en direct du studio. C’était un joli bordel, assez fou…

Et ça a été assez libérateur pour moi d’oser créer à nouveau, parce que depuis les Beaux-Arts, où j’avais plutôt une pratique dans les arts visuels (photo, cinéma, vidéo), il y avait comme un blocage qui m’empêchait de revenir à la création, une espèce d’infinité de possibles qui s’ouvraient à moi finalement assez inhibante. Cela m’a permis de me lancer, et après quelques premières créations pour Radio Grenouille (Je Suis, Voyage Retardé…), j’ai eu envie de faire une émission de création sonore, Dream.Like.Sound.

Que retires-tu de cette expérience ?

C’était un peu une façon de désapprendre tout ce que j’avais appris pour faire une émission de radio classique : chaque épisode était orienté autour d’une thématique différente et regroupait différentes sources sonores (des lectures, des créations personnelles, d’autres qui n’étaient pas de moi…) que je montais et mixais ensemble. C’était énormément de travail, mais ça a été hyper formateur, et ça m’a aussi permis d’étendre mon réseau et de rencontrer pas mal de monde.

Ta dernière création, Virginie, Virginia, Simone et moi, est le fruit de plusieurs années de travail. Peux-tu nous en dire quelques mots ?

C’est un travail qui a démarré en 2016 : l’événement déclencheur, c’était la célébration des 60 ans du Planning Familial, dont le premier centre a été ouvert à Grenoble. En voyant la communication autour de cet événement, je me suis rendu compte que, me considérant comme féministe, je connaissais finalement très peu son histoire, ce qui m’a amenée à me poser un certain nombre de questions : comment je suis devenue féministe alors que je n’ai pas reçu d’éducation féministe, comment est-ce qu’on le devient, est-ce que ça se transmet, pourquoi est-ce qu’on a encore besoin d’être féministe aujourd’hui, comment est-ce que des femmes peuvent ne pas se définir en tant que féministes ?

J’ai commencé par récolter quelques témoignages dans la rue pendant la manifestation des 60 ans du Planning Familial à Grenoble, puis la même année, je me suis rendue à un colloque au Sénat pour recueillir des témoignages de pionnières qui ont fait l’histoire du Planning... Le point de départ d’un long travail qui s’est finalement scindé en deux parties, avec une première plus centrée sur l’histoire du Planning Familial et la question de la transmission, et une deuxième plus tournée sur le présent et l’avenir, autour des différents courants et champs d’action du féminisme aujourd’hui.

Peux-tu nous dire sur quoi tu travailles actuellement ?

Je me replonge dans un autre projet radio entamé à peu près au même moment, en 2016, qui est un docu-fiction autour d'un film de Chantal Akerman. C'est un travail que j'ai commencé à Bruxelles en 2016, qui me tient énormément à coeur et que j'espère avoir terminé d'ici l'automne.

Plus d’informations sur le travail radiophonique d’Isabelle Stragliati sur https://noearnosound.net

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