Jacno Future

Les albums en hommage à un artiste ne sont pas forcément les plus passionnants et originaux. Sauf quand ils permettent de redécouvrir un musicien phare, qui marqua une époque. C’est le cas cette semaine avec la sortie de Jacno Future. Jacno donc : de son véritable nom Denis Quilliard, l’homme, né en 1957, est mort il y a deux ans, laissant derrière lui une œuvre conséquente, reflet de trois décennies prolifiques qui virent les genres et les approches se succéder. Un dandy qui commença par le punk avec son groupe les Stinky Toys.

C’est donc une époque (bien révolue) où l’on fume à la télé, où l’on raconte que l’on est constamment bourré, et où le fait de chanter sans micro va de soi ! Au centre du groupe, on reconnaît Elli Medeiros, avec qui Jacno partagea sa vie un temps, formant au début des années 80 le duo Elli & Jacno, à l’univers très marqué (ils se séparent en 1984).

Mais Jacno travaille aussi en solo, composant dès le début des années 80 l’obsédant Rectangle, morceau représentant sans doute le mieux son style – le titre sera grandement utilisé dans les pubs Nesquik.

On lui doit aussi le tout aussi fameux Amoureux solitaires de Lio, d’après une ancienne chanson des Stinky Toys.

Là aussi, on reconnaît d’emblée le « son Jacno » : accrocheur, très moderne pour l’époque, dans une épure toute pop. Jacno, look à la Bowie cultivé avec soin, poursuivra ensuite sa carrière solo à la grâce d’albums inégaux, de duos osés, et de productions bien senties (Daniel Darc, Jacques Higelin, voire même Mareva Galanter !).

L’album hommage permet donc de se replonger dans son œuvre foisonnante, avec certains artistes qui ont été marqués par le dandy pop. Comme Étienne Daho, que Jacno produisit dès le début de sa carrière, et qui livre ici une version très électro du titre Amoureux solitaires, en duo avec la fille de Jacno et Elli Medeiros.

Si on laisse certaines reprises de côté (car trop collées à l’original, ou à côté de la plaque - comme celle de Daho), on en retiendra d’autres, plus audacieuses. Comme le Je t’aime tant d’Elli et Jacno, interprété ici par un Dominique A inspiré ; le Tes grands yeux bleus version Alex Beaupain, surprenant ici, ou encore le Rectangle par Katerine, qui ne se casse pas du tout la gueule sur un exercice pourtant risqué.

Mais sans doute l’une des belles réappropriations est celle qu'offre Christophe, emmenant Jacno ailleurs, dans son univers très actuel sans faire racoleur. Le titre semble ainsi sorti tout droit d’Aimer ce que nous sommes, le dernier album de Christophe en date, œuvre moderne, poétique, forte, unanimement saluée, qui a définitivement ressorti le chanteur des oubliettes où croupissent les nombreuses stars périmées. Si Jacno était encore là, on lui souhaiterait le même nouveau départ.

À noter que tout ce beau monde se produira à Paris pour un concert évènement, le jeudi 30 juin à la Cité de la Musique (festival Days Off).

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