Voix grave, portée par un son synthétique non sans rappeler une décennie mal-aimée dans le domaine musical : les années 80. Des années où, à côté de certaines horreurs qui tournent encore en boucle sur des radios françaises plus passéistes que nostalgiques, ont émergé quelques monuments de la chanson française haut de gamme. Jacno par exemple, génie incompris qui commence maintenant à être reconnu à sa juste valeur, trois ans après sa mort. En juin 2011, à l’occasion de la sortie du tribute album Jacno Future, un grand concert fut donné à la Cité de la musique (Paris), avec Biolay, Higelin, Beaupain... Concert où la prestation du jeunot Yan Wagner fit son petit effet : sa relecture des Nuits de la pleine lune, l’un des plus beaux titres d’Elli & Jacno (et l’une des plus belles chansons tout court – mais ça, c’est tout à fait subjectif), était emplie de grâce et de détachement.
Vidéo (et son surtout) de qualité très moyenne, certes, mais il n'y a que ça sur le web!
Jacno, Yan Wagner : une filiation possible donc (d’ailleurs, le début du titre Abstinence de Wagner semble reprendre la ritournelle d’Amoureux solitaires de Lio, composé par Jacno), même si le second privilégie l’anglais à la langue de Molière. Mais on peut aussi élargir le spectre. Étienne Daho, Yan Wagner, autre filiation possible. Daho qui explique lui aussi admirer Jacno (ils ont été très proches). Et Daho que l’on retrouve sur l’album de Wagner : tout se tient.
Forty eight hours est donc le premier album de Yan Wagner, musicien que l’on avait déjà pu croiser sur la toile (le très efficace Recession song) ou sur scène (à la MC2 Grenoble par exemple, en première partie d’Air). Un album assez sobre, d’une efficacité redoutable dans sa construction. De l’électro-pop dansante et sensuelle (le timbre de Yan Wagner fait son petit effet), qui rappelle ainsi les noms précités, mais aussi New Order et la new-wave, notamment pour le premier single de l’album.
Un musicien à classer, comme Sydney Valette ou Lescop, dans la catégorie des jeunes gens modernes mais non modernistes – Wagner explique ne pas avoir voulu « d’un son estampillé 2012 pour que [s]on disque puisse résister à la patine du temps ». Une riche idée!
Forty eight hours, sortie le 1er octobre 2012
