Wrong Cops

Avec "Wrong Cops" Quentin Dupieux continue d'entretenir son mystère cinématographique résumable en un joli "WTF" ?

Wrong Cops D

Après la vision de ses deux précédents films (je n’ai pas vu Steak ni Nonfilm), pour moi Quentin Dupieux, c’était juste un mec qui avait trop maté de films de David Lynch, et qui, avec prétention et autosatisfaction finissait par se mentir à lui même en prétendant réinventer un discours cinématographique avec son credo " No Reason"

Son cinéma avait néanmoins deux mérites :
Celui de s’assumer pleinement en tant que WTF permanent ;
Sa bande son, car Dupieux alias Mr Oizo, maîtrise le sujet.

Wrong Cops, c’est donc tout cela, mais amélioré et redéfini.

Il y a un vrai kif à observer cette subversion de l’uniforme, à observer jusqu’où Dupieux souhaite pousser la création de ce microcosme policier parallèle, ou l’argent et le sexe sont moteurs de toute perversion.

Dupieux choisit donc d’inscrire le N’importe Quoi dans un environnement et des habitudes bien réels plutôt que de définir son film par l’absurde.

Cela passe par l’établissement tout nouveau chez Dupieux, d’une ligne narrative claire, quelques évènements distincts comme ce cadavre increvable, Éric qui fait de l’électro, ou ce fameux gayzine compromettant.
Ces diverses situations interagissent entre elles, liées par une musique omniprésente et géniale.

D’ailleurs, ce qui pourrait passer pour un simple mauvais jeu d’acteur, doit plutôt être considéré comme une simple piste sonore, qui, bien que dissonante, fait partie intégrale d’un film ressemblant à l’un de ces morceau de minimale dont Mr Oizo à le secret, qui fait autant bouger la tête qu’il enivre, un album de 82min ou chaque personnage, chaque situation, est une piste musicale, arrangée par un Quentin Dupieux en grande forme.
Forme d’ailleurs, beaucoup plus sobre que dans Rubber et Wrong, mais par contre, en adéquation avec l’univers sonore.

Ces arrêts sur images, par exemple, qui marquent la fin d’une scène/titre, le commencement prochain d’une nouvelle piste/scène… La Musique se fond à l’Image, et inversement !
Si l’on y ajoute cette photo ultra chaude qui sent bon la sueur et la série policière des années 80 on obtient un remake luxurieux de CHiPs boostée à l’électro, au MDMA et au viagra. Terrible !

Wrong Cops 2

C’est paradoxalement aussi, en cherchant vraiment un sens au film, qu’on arrive à y déceler une critique sociale par mise en abyme de l’abrutissement provoqué par le mariage contre nature entre réalité et absurde…
En substance, une réflexion pertinente de Dupieux sur son propre cinéma.

Il faut disséquer pour cela, cette géniale scène ou un producteur de musique électro envoie chier Éric, lui expliquant, que son titre, "it’s a huge pile of shit" : A ce moment, moi, spectateur relativement cultivé, hallucine complètement sur la qualité de la bande son et ce titre précisément, peut-être pas le plus complexe mais en tous cas un des plus efficaces, surtout qu’il nous a, en quelque sorte, impliqué dans sa création.
Cette scène représente bien l’intelligence absurde qui réussit à faire de Wrong Cops (sans doute involontairement), un peu plus que du cinéma roublard :

A la fois drôle, loufoque, réaliste et cynique, cette saillie provient forcément d’une expérience personnelle et constitue une critique amère de l’auteur envers un système qui ne fait plus la différence entre talent et style – justement, la critique la plus forte qu’on puisse adresser à ses précédents films…
Génie ou hasard?
MM Oizo et Dupieux gardent ce mystère entier, et c’est aussi ce qui rend Wrong Cops si excellent.

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