Un vendredi soir en enfer

Édito du n°960 - mercredi 28 janvier - Petit Bulletin Grenoble

On s’en fade des spectacles / films / concerts / expos à longueur d’année, nous, valeureux journalistes culturels. Des excellents, qui nous font tartiner des pages pour que vous, lecteurs, puissiez ressentir la même émotion que nous. Des sympathiques, qui ne sont pas à tomber mais qui valent le déplacement – de toute façon, ce soir, il n’y a rien à la télé. Des quelconques, qui seront vite oubliés – attends, qu’est-ce que j’ai fait hier déjà ?

Et puis des horribles. Des qui nous donnent envie de sortir de la salle mais merde, c’est pas possible, on est en plein milieu d’une rangée. Des qui provoquent en nous des spasmes matérialisant notre désapprobation viscérale, comme la répétition de notre future mort qu’on pressent douloureuse dans ces moments-là. Des qui ne nous font plus croire ni au pouvoir d’un art généreux, ni en l’espèce humaine.

Des atroces à vivre donc, mais qui paradoxalement suscitent une jouissance presque masochiste. Putain, on a survécu à ça, et on va le raconter à tout le monde. Tout va même rester gravé dans notre mémoire pendant longtemps – avec qui on était venu, le temps qu’il faisait, ce qu’on a mangé juste avant… En fait, c’est chouette de ressentir des trucs. Merci donc aux artistes prétentieux, moralisateurs, verbeux, caricaturaux… Enfin aux bons, parce qu’il n’est finalement pas facile de provoquer de telles sensations, même négatives, chez les spectateurs.

Petit jeu : le nom du spectacle (vu ce week-end à Lyon) qui a inspiré cet édito est caché dans le texte !

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