Édito du n°967 - mercredi 25 mars 2015 - Petit Bulletin Grenoble
L’orthographe et la grammaire sont des notions pas si anodines que ça. « La lutte pour l’égalité, pour la liberté, implique une lutte contre la langue du mépris » écrivait la linguiste Marina Yaguello en 1978 dans Les mots et les femmes (le dessin ci-dessus est sur la couverture).
Une phrase que le collectif d'associations L'égalité, c'est pas sorcier ! a fait sienne, lui qui souhaite abolir la règle « sexiste » selon laquelle le masculin l'emporte sur le féminin – car en français, le premier a la fonction suprême de neutre. « Que les hommes et les femmes soient belles ! » est devenu le mot d’ordre de ce combat revenu sur le devant de la scène via l’interpellation de la ministre de l’éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem par le collectif.
Alors bien sûr, beaucoup de voix continuent de déplorer ces demandes qui iraient contre l’histoire de notre langue (pourtant, l’accord avec le nom le plus proche était en vigueur avant le XVIIIe siècle) ou qui ne seraient que futiles, dans une époque où la féminisation des noms de métier fait encore débat de la table du bistrot du coin jusqu’aux bancs de l’Assemblée nationale – d’ailleurs, au PB, on a tranché et écrivons par exemple "la metteuse en scène" comme ça se fait dans de nombreux pays francophones plus en avance que nous.
Mais ces réflexions commencent à recevoir des échos de plus en plus positifs, notamment lorsqu’on se questionne sur les images implicites que cette règle renvoie aux écoliers. Alors faisons bouger les lignes nous-mêmes à l’oral et dans nos correspondances privées, pour que l’usage devienne la norme et qu’enfin nous puissions en finir avec cette affaire ahurissante sans se prendre un blâme de la part de l’Académie française.
