Lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson

Une longue lettre d'amour qui raconte une vie dans les froides terres d'Islande.

Cette fois, je vous emmène en Islande, au milieu de ses terres immenses, de ses moutons et de ses pêcheurs. La vie y est rude mais on s’y attache malgré tout. Et Bjarni, qui est maintenant un très vieil homme raconte une vie entière passée ici. Il la retrace dans une lettre pour Helga : la seule femme qu’il a aimé aussi passionnément. Il évoque alors les travaux éreintants, la mer si présente, les vallons qu’il a érotisés dans sa trop grande solitude, et cette passion aussi brève que violente pour elle, Helga, et ses regrets aussi. C’est donc une longue déclaration d’amour poétique et fragile comme le fil de vie qu’il n’a pas suivi, qu’il aurait pu suivre.

Un livre qu’il est difficile de résumer parce qu’il n’y a pas vraiment d’intrigues, de suspens ou même d’histoire à proprement parler… Alors j’ai simplement choisi de prendre quelques lignes au milieu du récit qui illustre bien ce petit livre et dans lesquelles Bjarni nous dit:

« J’ai appris à déchiffrer les nuages, le vol des oiseaux et le comportement du chien. J’ai éprouvé l’étonnement du premier colon et mesuré l’envergure des premiers habitants de ce pays. J’ai perçu l’angoisse du feuillage aux éclipses de lune, j’ai levé les yeux dans les côtes et senti mon âme s’élever hors de moi tandis que je conduisais mon tracteur. J’ai­ entendu mes glouglous d’estomac répondre aux grondements du tonnerre, petit homme sous un ciel immense ; j’ai entendu le ruisseau chuchoter qu’il est éternel. J’ai fait de la terre ma bien-aimée. J’ai empoigné un saumon vigoureux. Le renard m’a appris ce qu’est l’intelligence. J’ai été témoin de la cruauté de l’orque ainsi que de la douceur de l’amour maternel et je me suis trouvé un refuge hors du monde, là où les cygnes vont dormir. Je me suis baigné dans une eau pleine de l’éclat de soleil, et non dans celle qui sort noire des tuyaux de lieux civilisés et j’ai perçu la différence. J’ai vu un iceberg basculer. J’ai lancé un poisson à la tête du chef du canton. Oublié un cadavre. J’ai pris livraison d’un corps de femme fumé. J’ai vécu d’amour et d’eau fraîche durant les hivers des années soixante où la mer était prise par les glaces. J’ai fantasmé pour combler les lacunes de mon existence, compris que l’être humain peut faire de grands rêves sur un petit oreiller. J’ai continué, ivre de désir et de l’espoir qui pousse la sève jusqu’aux rameaux desséchés de la création. Et puis, j’ai aimé et j’ai même été heureux, un temps. »

Voilà, il y a tout ça dans ce livre. Une centaine de petites pages pour détailler tout ça et cet amour perdu, cet amour manqué. On en ressort peut-être un peu plus triste, un peu plus seul mais c’est une belle mélancolie perdue dans cette Islande sublime, et néanmoins froide et solitaire…

Rien de vraiment plus à ajouter parce que ça se déguste doucement et simplement. Ça se lit comme un long poème.

Lettre à Helga, publié aux éditions ZULMA. Encore une belle petite maison qui devient grande.

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