La SNCF, les graffeurs et Marie-Antoinette

Édito du n°975 - mercredi 27 mai - Petit Bulletin Grenoble

« On a reçu un accueil plus que chaleureux de la part des maires concernés comme de la presse locale : elle a pris cela avec énormément de fierté. C'est une expérience passionnante dont les impacts peuvent être multiples. » Sophie Boissard, directrice générale de la branche immobilier de la SNCF, est ravie de son nouveau projet. Elle l’a fait savoir au Figaro qui a du coup titré « la SNCF se met à l'art pour engager une autre forme de dialogue ». Rien que ça, oui.

En gros, la boîte publique propose à des artistes d’investir certaines de ses friches pour faire de belles et grandes œuvres d’art. Sympa. Sauf que le contrat est moins désintéressé qu’il n’y paraît. « Non je ne repeindrai pas vos murs gratos » est l’un des slogans d’un collectif appelant à boycotter l’initiative puisque les artistes devront financer eux-mêmes leurs travaux, payer un droit d’occupation du domaine public et céder leurs droits d’auteur à l’entreprise – qui, elle, se couvre dans un cahier des charges très pointilleux (les candidats « s’interdisent par avance d’exercer un quelconque recours contre la SNCF »). Sympa, oui.

Une forme de « dialogue » qui ressemble plutôt à un monologue où, comble de l’ironie, le commanditaire, visiblement très loin de certaines réalités (voir notre dossier d’octobre sur le statut fantôme des plasticiens), est sans doute de bonne foi en pensant mettre en avant l’art et les créateurs. On imagine très bien Sophie Boissard et tous ses confrères s’étonner que des graffeurs osent se plaindre du cadeau qui leur est fait, façon Marie-Antoinette et la brioche. Sympa, vraiment.

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