A la recherche du tempo perdu

Il est question dans cette note (intemporelle !) de notre perception de l'éloignement des événements survenus dans notre passé, mais comme c'est un blog classé dans la rubrique "musique" cette courte spéculation va brièvement traiter... de la musique !

Et le premier son fut !

On peut penser qu'il y a cinquante ans en arrière, se remémorer les cinquante ans qui avaient précédé induisait chez celui qui se livrait à cette exercice, une impression de commencement des temps, une sorte d'horizon tellement éloigné que remonter au-delà, aurait consisté de fait à se placer quasiment à la première nano-seconde du big-bang. Avec la première boite à musique ou bande de carton pour piano-mécanique ou autre cylindre de cire, le son devint reproductible et diffusable à l'dentique pour les siècles des siècles. Ecouter un disque 78 tours des années 30, c'est faire surgir le fantôme de l'arrière grand-mère en train de danser un charleston sur le parquet mal jointé d'un bal de campagne, entre un paso-doble et une valse musette. Ainsi comme les vieilles photos jaunies, si le son ancien avait une couleur, nul doute qu'il tirerait vers le sépia en générant une sensation légèrement empreinte de nostalgie pour un temps irrémédiablement enfui, et tellement lointain qu'il engendre un blocage de l'imaginaire, un arrêt sur visualisation de ce qui a précédé, forcément !

Les sons d'aujourd'hui ne prendraient pas de rides

A partir d'aujourd'hui, euh...il y a cinquante ans, c'était "simplement" les sons de Jimi Hendrix, des Rolling Stones, des Beattles, et juste avant Elmore James, Hount Dog Taylor, John Lee Hooker, j'en passe et des meilleurs. Et là, notre subjectivité semble nous jouer un tour à sa façon en contractant le sentiment d'éloignement.On pourrait imputer cette impression de proximité temporelle au fait que la production en grande quantité des supports, le passage régulier sur les ondes des standards musicaux, ont influé sur le ressenti d'éloignement en dilatant un présent qui refuserait de passer. Vieux rêve ! Je me permettrai de pousser le bouchon jusqu'à évoquer un façonnage général des subjectivités aboutissant à un sentiment de référence commune pour ces événements, alors que rien ne permet d'entrer dans les consciences pour mesurer ces distances subjectives inhérentes et variables en fonction de chacun. Il n'y a pas même le secours d'un calendrier des postes dans notre disque dur cérébral, pour nous caler tous, autant que nous sommes, à la bonne distance de ce qui fut. Et pourtant un épais nuage consensuel persiste à flotter sur cette temporalité implicitement partagée. Plus irrationnel que ce qui précède, on en deviendrait sourd. Et pourtant, échappant à toute représentation objective, ce qui est généralement logique en termes de représentation, il subsiste cette sensation persistante de proximité temporelle lorsqu'on écoute "When I'm sixty four" des Beattles où par la grâce du numérique, on a l'impression que le souffle du clarinettiste pourrait presque déposer de la buée sur un miroir approché de l'enceinte.

Les musiciens ? Tous des voleurs de temps, de notre temps et de tous temps ! Bonjour à tous les Marcel(s) qui se sentiront concernés !

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