Seul sur scène, Jérôme Sauvion réussit le pari fou de jouer la vingtaine de personnages du chef d’œuvre d’Edmond Rostand. Retour sur un beau projet devenu réalité… pour notre plus grand plaisir !
Jérôme Sauvion en rêvait, il l’a fait : jouer Cyrano de Bergerac, l’un des grands classiques de notre répertoire, immortalisé notamment par d’immenses comédiens comme Daniel Sorano, Jacques Weber ou encore Philippe Torreton. À une différence près et pas la moindre : Sauvion joue non seulement le rôle titre mais aussi la vingtaine de personnages de cette belle et tragique histoire d’amours contrariées au XVIIe siècle, sur fond de guerres de religions. Une sacrée performance ! Comédien depuis 25 ans, le directeur artistique de la Face Nord compagnie explique : “Même si je n’avais pas le physique du personnage, l’envie de jouer Cyrano existait en moi depuis longtemps. J’ai intégré d’ailleurs le conservatoire avec la scène des “Ah…” (acte 2). Mais comme personne ne me proposait le rôle titre, je me suis lancé un jour dans ce projet avec l’idée de proposer quelque chose de différent”. Sur ce plan, pas de doute, le compte y est et même au-delà de toute espérance.
“Quelque chose de différent”
Personnages et décors multiples, texte intégral fleuve : les contraintes sont pourtant nombreuses. Néanmoins, Cyrano Project tient toutes ses promesses avec cette adaptation d’1h30, contre 2h45 d’habitude. Tout d’abord, il a fallu sacrifier certains passages pour se recentrer sur le triangle amoureux formé par la belle Roxanne et ses deux prétendants : le jeune Christian, aussi beau que bête, et Cyrano certes laid mais si bon poète. “C’était un véritable crève coeur de couper dans le texte original d’Edmond Rostand, mais pourtant nécessaire”, admet Jérôme Sauvion.
Autre défi : trouver un élément distinctif pour chaque personnage afin de ne pas perdre les spectateurs en route. Dans ce domaine, la mise en scène épurée de Christine Moisson fait des merveilles entre le recours à quelques accessoires, un simple geste ou une intonation de la voix. Résultat : très vite, le spectateur prend ses repères pour identifier le pâtissier Ragenau, De Guiche, le rival aristocrate représenté avec… un club de golf (!) ou encore Le Bret, l’ami fidèle de Cyrano à travers une “servante”, cette grande lampe symbole de bienveillance dans l’univers du théâtre. Autant d’idées pour le moins… lumineuses !
Quiconque a déjà vu un Cyrano “classique” garde souvent en mémoire la finesse des costumes, la richesse des décors. Point de cela dans cette version-là. Vêtu d'un simple tee-shirt et pantalon noirs, c'est en effet avec un minimum d'accessoires que Jérôme Sauvion nous plonge dans cette belle et tragique histoire. Il faut le voir sur scène pour y croire !
Le texte remis à l'honneur
Cette économie de moyens sert le propos en focalisant l’attention du public sur le texte et les fameuses scènes de la pièce : la tirade des nez (“Moi monsieur si j’avais un tel nez, il faudrait sur le champ que je me l’amputasse !”), le balcon, le siège d’Arras, etc. Autant de “morceaux de bravoures” au cours desquels Sauvion passe d’un personnage à un autre avec une maîtrise déconcertante.
Ce vendredi 9 octobre, le public de la Maison du Peuple de Pierre-Bénite a réservé une “standing ovation” méritée à l’issue de la représentation de Cyrano Project. Un bord de scène a prolongé cette belle soirée de théâtre.
Cette pièce a déjà été jouée près de 80 fois depuis sa création. Pour connaître la date des prochaines représentations, consultez le site Internet : http://lafacenordcompagnie.com/acccueil/accueil-2/saison-2015-2016/
Un site web à découvrir
Enfin, si la pièce "Cyrano de Bergerac" vous intéresse, consultez l'excellent site web dédié à l'œuvre majeure d'Edmond de Rostand. Vous y trouverez une mine d'informations collectées et mises en ligne par un passionné, Thomas Sertillanges.
Lien : www.cyranodebergerac.fr
© Bruno Sleepless
