"La glace et le ciel" de Luc Jacquet

Une histoire humainement bouleversante du climat

On reste sans voix lorsque l’on découvre les conditions de vie, de survie devrait on dire, de la première exploration de Claude Lorius dans l’Antarctique. Rien que le trajet pour se rendre à la base Charcot, qui l’abritera un an lui et ses deux compagnons, tient plus du film d’aventure et de catastrophe que du transport de scientifiques vers leur lieu de travail.

L’Antarctique est définitivement est endroit hostile et inhospitalier. Le glaciologue, et en particulier Claude Lorius, est obstiné, voire obsessionnel, surtout lorsqu’il est animé de la conviction profonde que le 6ème continent recèle dans la profondeur de ses glaces, l’histoire du climat depuis des centaines de milliers d’années.

La Glace et le Ciel est le récit, à base de film d’archives, de ce combat sans merci, pendant plus de 30 ans, pour comprendre, théoriser et exploiter les caractéristiques des couches de neige se déposant année après année : lors d’un apéritif bien mérité – anecdote maintenant connue – Claude Lorius comprend que les bulles d’air prisonnières de la glace sont la mémoire de la composition de l’air de l’époque et de sa température. Les expéditions polaires vont alors s’enchaîner, malgré les conditions climatiques qui cent fois lui donneront envie de tout plaquer, malgré les accidents qui lui feront penser qu’il ne trouvera plus de financement et malgré la guerre froide, qui n’empêchera pas soviétiques, américains et européens de coopérer de manière décisive.

Un homme blessé

Nous sommes au milieu des années 80 et il est alors l’un des premiers à faire le lien entre taux de gaz à effet de serre et réchauffement du climat. Il entame alors un deuxième combat multipliant les conférences, les émissions de télévision, les publications : éveiller les consciences à cette évolution due à l’homme et qui peut se révéler catastrophique. Mais il se heurtera – avoir raison trop tôt est souvent douloureux – à un scepticisme et une incrédulité qui le blesseront à jamais. Pour preuve une interview il y a quelques semaines sur France Inter, où lorsque la journaliste lui demande si ce film n’est pas justice rendue à la qualité de son travail et à la pertinence de ses prédictions, la voix se bloque et on sent l’émotion et sans doute encore un peu de rage nouer la gorge de cet homme de 83 ans !

Le mérite de Luc Jaquet, est de nous faire découvrir cette aventure scientifique et humaine hors du commun et de s’effacer derrière les films d’archives. On lui pardonnera donc les plans quelque peu emphatiques de Claude Lorius aux quatre coins de la planète qui s’intercalent entre les documents d’époque.

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