Ne touchez pas la MC2

Le directeur de la maison de la culture de Grenoble réagit dans les pages du Dauphiné libéré (ci-après le daubé) à l'annonce de la baisse de sa subvention municipale ; l'adjointe au maire en charge de la culture s'explique, pendant que le groupe de la majorité municipale ADES commente...

Dans les colonnes du daubé du jeudi 5 mai 2016, le directeur de la maison de la culture de Grenoble réagit à l'annonce d'une baisse de la subvention que la ville verse au prestigieux établissement : une baisse de 6 % qui entraine celle des autres contributeurs que sont l’État, la Région et le Département. Il s'étonne (c' est une première dans l'histoire de l'établissement), il dénonce un signe de désengagement là où on attendrait un soutien ( « la culture n'est pas un bien qui coûte ») il dit très justement que « tout est affaire de choix politique ». Et nous avec lui …

Dans la même page du daubé, l'adjointe au maire en charge de la culture justifie la décision municipale (qu'elle ramène à 0, 9 % du budget global) par le contexte des baisses de dotation de l’État : « tout le monde se serre la ceinture et il ne faudrait pas le demander à la MC2 ? »

Non, madame la maire adjointe : « il ne faudrait pas » …

...parce que cette maison c'est la mienne et cela va faire trois générations qu'elle est aussi celle de milliers d'autres ; elle est, à Grenoble, un bien commun, autant et je dirais même plus (je ne suis pas skieuse) que les montagnes … parce que quand on y met les pieds, on y sent vivre et vibrer les cœurs, parce que même si la bourgeoisie locale, comme toutes les bourgeoisies locales y trouve son compte, sans doute plus que d'autres, il ne faut (justement) pas l'y laisser seule et permettre par tous les moyens son accès à ceux qui n'auraient pas l'idée de s'y rendre : comprenez bien que c'est eux que vous pénalisez !

Il faut que vous la fréquentiez bien peu pour ne pas avoir vu les nuées de jeunes gens et de jeunes filles qui en remplissent les rangs ; il viennent y voir et entendre l'excellence, c'est de cette excellence-là que vous voulez les priver sous prétexte que la MC2 est la scène la plus subventionnée de France ? Mais c'est tant mieux si elle l'est ! personnellement, pour vous avoir élue, j'attends que vous battiez pour conserver à chaque grenoblois la possibilité de croiser, dans ce lieu, l'auteur ou le metteur en scène, l'acteur ou le danseur qui va lui changer la vie : j'allais écrire « conduisez vous en héritière » en tant qu'élue, des Bernard Gilman ou René Rizzardo (1) , mais vous n'êtes précisément pas leur héritière . Certes le contexte, de leur temps, était autre : raison de plus pour ne pas céder sur l'essentiel et ce n'est pas en déshabillant Pierre pour habiller Paul comme vous l'illustrez vous-même si honteusement par vos propos ( « 106 000 euros correspondent à des aides pour sept compagnies, quatre festivals et deux autres lieux culturels » … les pauvres !!!! ) qu'on met en œuvre une politique culturelle.

À l'outrage, vos amis ajoutent l'indignité.

J'avais un peu d'estime pour l'ADES, les « verts » grenoblois qui peuvent se féliciter de compter parmi eux le tombeur de Carignon. Depuis l'élection de la nouvelle municipalité aux commandes de la ville de Grenoble, ses militants ne ménagent pas leurs efforts pour la soutenir, et quelle que soit la critique qui lui est adressée, elle est très régulièrement et systématiquement la cible de la « niouzlèteure » commise par l'Ades.

Dès le 6 mai, ses rédacteurs réagissent à l'entretien que le directeur de la MC2 a accordé au daubé. La promptitude à dénoncer une collusion de ce dernier avec l'adjoint à la culture de Michel Destot (et candidat malheureux face à Éric Piolle lors des dernières municipales) résonne comme un aveu … et de se vautrer dans ce qu'ils dénoncent « la politique politicienne » : le sarcasme et l'ironie, le mépris et le clairon des revanchards qui sied habituellement si bien au Front national. Qu'on en juge par le style : « Devant ce drame le directeur espère que la MC2 soit transférée à la métropole, sauf que financièrement rien n’est moins sûr qu’il toucherait plus de subventions ( …) La MC2 est un établissement de création culturelle et, qui dit création, dit capacité d’invention et de « faire avec ». Il est temps pour la MC2 de montrer l’exemple. »

Consternation

Je suis entrée dans cette maison sur invitation ou en fraudant, et maintenant, en payant. Je n'arrive pas à y aller aussi souvent que je le voudrais (le prix des places …), mais je me réjouis que mes enfants, qui ont moins de 25 ans puissent y entrer pour 6 euros ; Une merveille que j'ai pu y voir, la mise en scène de « En attendant Godot » par Jean Pierre Vincent, alimente mon imaginaire et mon bonheur d'appartenir à l'humanité pour plusieurs mois, voire années.

Une humanité que je partage avec l'adjointe à la culture de la ville de Grenoble et l ignoble article du bulletin de l'ADES, mais ils ne le savent pas. Ils devraient aller plus souvent à la MC2.

(1) : que l'on ne se méprenne pas : je n'ai aucune sympathie pour ces « personnalités » mais je reconnais, quoi que j'en pense, qu'elles ont ont eu une action politique.

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