Fondation Louis Vuitton - Daniel Buren, Paris

Une réussite à la hauteur du risque

Le risque était évidemment immense : oser retoucher les voiles translucides de ce grand navire posé dans le Bois de Boulogne, et qui font de la Fondation Louis Vuitton elle-même une véritable oeuvre d’art née de la folie créatrice d’un architecte de génie qui a réussi le tour de force de donner à ce bâtiment imposant une allure de légèreté.

Le résultat est à la hauteur du risque pris : exceptionnel voire inespéré ! Les filtres de couleur posés par Daniel Buren n’alourdissent pas la carapace vaporeuse de la Fondation. Ils lui donnent une présence encore plus lumineuse, renforcent ses volumes et enrichissent les jeux de miroitement et de transparence au travers des treize couleurs acidulées choisies par l’artiste. La Fondation dégageait une personnalité ingénieuse et subtile. Daniel Buren lui a donné du caractère. Plus qu’un ajout, il a réalisé une symbiose : tout visiteur qui découvrirait l’édifice sans l’avoir vu « nu », n’imaginerait même pas qu’il ait pu être conçu autrement.

L’apparition de nouvelles formes

Non seulement les couleurs illuminent le bâtiment, mais elles distinguent les structures les unes des autres. Elles se recomposent alors, selon l’imagination du visiteur en formes vivantes et l’embarquent dans de nouveaux univers.

Départ de régate
Vaisseau extra-terrestre
Mammifère marin
Mâchoires ouvertes
Coléoptère
Toutes voiles dehors

Génie, humilité et confiance

Cette réalisation appelle une réflexion sur l’attitude de Frank Gehry. Il faut une humilité peu commune, qualité rarement première à ce niveau de génie créatif, et une confiance totale à l’égard de l’autre artiste pour accepter qu’il s’empare de votre oeuvre, dans ce qu’elle a de plus visible, et la transforme. Est-ce unique ? Avons-nous sous les yeux une manifestation rare d’un geste artistique à deux, qui sublime à ce point le talent de chacun des créateurs ?

« L’observatoire de la lumière », puisque c’est ainsi que s’appelle le travail de Daniel Buren, est décrit comme une oeuvre temporaire ; mais de manière intrigante, aucune date de fin n’est indiquée. Le temporaire va-t-il devenir permanent vue l’impression d’harmonie dégagée ? Quelle sera la perception une fois le bâtiment revenu à son état d’origine ? Est-il possible de pérenniser la démarche en proposant à d’autres artistes de s’emparer de la Fondation ?

Je ne doute pas que certaines personnes passent dans quelques mois quelques nuits blanches à trouver comment relever ce défi, tant cette première tentative est aboutie.

Fondation Louis Vuitton, depuis le 11 mai

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