Retour sur le diptyque du Ballet de l'Opéra de Lyon

Durant la Biennale de la Danse, l'Opéra de Lyon a accueilli les spectacles de deux chorégraphes très différents : Alessandro Sciarroni et Marina Mascarell.

Une compagnie de danse, deux chorégraphes aux origines différentes. C'est une belle initiative et un projet fructueux que la Biennale de la Danse a fait fleurir sur la scène de l'Opéra de Lyon du 14 au 18 septembre 2016. Ce spectacle en deux temps, l'un consacré à Marina Mascarell avec Le Diable bat sa femme et marie sa fille, et l'autre à Alessandro Sciarroni chorégraphe de TURNING_motion sickness version, est sous le signe de l'innovation, de l'actualité, du monde et du métissage artistique.

Le Diable bat sa femme et marie sa fille

Marina Mascarell, chorégraphe espagnole, décide d'utiliser la variété des supports pour donner une réelle trame dramaturgique à son spectacle : témoignages diffusés lors de la mise en avant d'un danseur, projection de corps nus sur les danseurs, tenues amples et couleurs chairs pour donner l'illusion d'une asexuation, etc. Tout est fait pour que le spectateur plonge dans l'univers qu'est la distinction des genres. Un homme ne peut-il pas aimer la danse ? Une femme ne doit-elle pas se plier aux règles masculines ? Des enfants sont-ils contraints à décevoir leurs parents s'ils ne se comportent pas comme leur sexe le leur ordonne ?

Spectacle torturé, brutal et vivant, c'est pour moi une mise en scène courte mais qui laisse le spectateur troublé par cette vérité, par cette problématique certes connue mais que la danse aborde pas le langage corporel. Le mélange des supports pour moi permet de se sentir happé par ce sentiment d'injustice par tous les sens et sans avoir la moindre once de retenue vis-à-vis des émotions éprouvées pendant la représentation.

Quant à la performance, c'est un spectacle sans nul doute plaisant pour les yeux, avec un réel échange avec le public par cette expressivité exharcerbée des corps en lutte contre eux-mêmes, contre le monde, contre l'oppression qui les assaille, contre ses voix qui s'élèvent contre eux. La rapidité nous laissait un peu sur notre faim mais justement cette frustration nous amenait réellement à réfléchir sur ce que nous venions de voir. Selon moi, c'est un des meilleurs spectacles de la Biennale auxquels j'ai assisté !

TURNING_motion_sickness_version

Pour le spectacle du chorégraphe italien Alessandro Sciarroni, je suis beaucoup plus partagée. D'un côté, la performance des danseurs était indéniable, mais de l'autre je n'ai pas été sensible à ce tour de force. Durant une trentaine de minutes, les danseurs tournaient sur eux-mêmes, tournaient en rond, tournaient en rond sur eux-mêmes, bref, beaucoup de cercles et très peu de variété. Même si je comprends bien les problématiques explorées par ce chorégraphe, c'est-à-dire celle de la métamorphose et du corps, je ne peux m'empêcher d'être déçue. Peut-être que j'ai trop aimé le premier spectacle et que celui-ci a souffert justement de ce goût prononcé pour cette sur-communication qui forcément rendait le dyptique caduque puisque le second laissait, selon moi, le spectateur seul face à ce qu'il voyait.

En bref, je salue largement les compétences des danseurs mais je reste assez imperméable à ce second temps dans le déroulé de ma soirée.

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