ROUES LIBRES de Attila Till

De l'intérêt d'une bonne bande-annonce !

Un film hongrois sur des handicapés en fauteuil roulant dont l’un, plus vieux, fait office de tueur à gages et les deux autres, plus jeunes, semblent gravement atteints, assez maladroits et pour tout dire assez irrécupérables !

Vous n’en avez pas entendu parlé ? Normal, ce film a l’air d’être passé sous les radars. Il fallait vraiment tomber sur la bande annonce lors d’une autre séance pour être au courant. Et savourer cette minute et demi d’un cocktail détonnant d’humour noir, de situation déjantées politiquement incorrectes, de quelques explosions d’hémoglobine et de comique absurde.

Un film hongrois … Quel est le dernier film hongrois que vous avez vu ? Ah si peut-être « Le Fils de Saul » de László Nemes, Grand Prix du Jury à Cannes et qui traitait des camps de concentration. Mais le réalisateur a vécu à Paris jusqu’à presque 30 ans, y a fait ses études de littérature et d’écriture de scenario et circule depuis entre New York, Budapest et la France.

Donc ? On a beau chercher on ne voit pas. Pourtant coïncidence, un film hongrois vient d’être récompensé de l’Ours d’Or à Berlin il y a dix jours. Y aurait-il un printemps du cinéma venu de Budapest ? J’emploie le mot printemps à dessein car on entend plus souvent parler de la Hongrie depuis quelques années pour la dérive autoritaire et populiste, si ce n’est fascisante, de son premier ministre Viktor Orban.

Un film hongrois sur des handicapés en fauteuil roulant dont l’un, plus vieux, fait office de tueur à gages et les deux autres, plus jeunes, semblent gravement atteints, assez maladroits et pour tout dire assez irrécupérables ! Ca ne donne pas envie ? Dis comme ça je peux comprendre, mais vous avez tort ! « Roues libres » est un grand moment de déconnexion et de liberté, qui, cadeau subtil et inattendu dans ce monde de brutes et d’estropiés, se termine de manière tendre et … astucieusement construite.

Le réalisateur nous plonge immédiatement dans la dureté d’un centre réservé aux handicapés qui sont totalement sans pitié entre eux, ce qui, on a un peu honte, génère quelques situations comiques. Débarque alors un ancien pompier ayant perdu l’usage des ses jambes lors d’une intervention et qui sort juste de prison. La confrontation entre les invalides de naissance et cet accidenté qui refuse son état fournit quelques dialogues assassins.

Mais il se développe une sorte d’affection-répulsion entre deux des jeunes infirmes et cet homme qui rêve de remarcher et de reconquérir son ancienne fiancée. Il les entraînera dans son aventure de tueur à gages à la solde d’un serbe qui veut éliminer tous ses concurrents du marché de la drogue : un gangster en cuir qui n’a d’affection que pour ses quatre dobermans et qui est en permanence entouré de gardes du corps mutiques dont les tours de bras valent largement des tours de cuisses d’un être humain normal.

Ruspaszov, l’ancien pompier, et ses deux jeunes acolytes, utilisent astucieusement leur état d’handicapés pour mener à bien leurs missions – ce qui à nouveau provoque rires et sourires -, traversent nombre de situations périlleuses et douloureuses, mais continuent sans cesse d’avancer. Comme la métaphore de gens tellement habitués à se battre pour surmonter les contraintes quotidiennes qu’ils ne s’arrêtent pas en face de ce qui peut paraître des murs qui s’élèvent régulièrement devant eux.

C’est ce regard décalé, cette ténacité, ces effets comiques nés de situations qui pourraient être tragiques qui emportent la partie. Surtout que le réalisateur nous empaquette le tout dans un épilogue qui dure tout juste deux minutes, retourne le spectateur, et le ficelle avec un gros ruban rouge.

Cadeau !

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