NATHALIA MILSTEIN, Le Café des Arts, Grenoble

Petit miracle de la vie quotidienne !

Je ne sais par quel concours de circonstances improbable, le Café des Arts accueillait vendredi 3 mars une jeune pianiste virtuose, Nathalie Milstein, qui, à 21 ans, est couverte de prix internationaux et se produit déjà sur des scènes prestigieuses à Paris, New York et Londres ou aux côtés de l’orchestre philharmonique de Radio France.
Donc l’écouter ici, en savourant une bière, mais dans un silence total et respectueux, pour à peine plus de 10 euros, consommation comprise, fut assez surréaliste. Bien sûr le piano et le restaurant n’ont pas l’acoustique des salles de concert mais il y a une proximité rare : physique d’abord puisque personne n’est à plus de dix mètres et encore ; proximité humaine ensuite car la concertiste est arrivée en toute simplicité en slalomant entre les tables et a pris 5 à 10 minutes avant chacune des deux parties pour présenter les oeuvres qu’elle allait jouer, expliquant le contexte et donnant quelques pistes sur le sens et les images que véhiculent les différentes pièces interprétées.

L’autre différence sensible entre cet espace resserré et une salle de concert est la manière dont on reçoit la musique. Au lieu d’être enveloppé par les sonorités qui s’épanouissent dans un volume large savament étudié et rebondissent sur les murs et le plafond, on prend la musique de plein fouet, d’autant que la plupart des oeuvres jouées étaient puissantes et que Nathalia Milstein y mettait une énergie et un engagement spectaculaires.

Assis à quelques mètres et perpendiculaires au piano, en face du couvercle ouvert, des bourrasques venaient nous submerger, refluaient puis repartaient à l’assaut. Surtout lors de la 2ème partie, Neuf Études-Tableaux op. 39 de Rachmaninov, qui évoquent souvent la nature, la mer, des cascades et des torrents qui enflent, sortent de leur lit puis retournent s’y reposer.

Après les applaudissements très nourris, elle est revenue pour un bis apaisant avec une mazurka tout en douceur. Cela aurait bien mérité une « standing ovation », mais je n’ai pas osé initié le mouvement, et il y avait peut-être un risque que tous ces gens attablés et assez serrés les uns contre les autres fassent des dégâts en se levant pour témoigner leur enthousiasme !

Je me suis quand même renseigné sur ce qui avait amené Nathalia Milstein rue Saint-Laurent. D’ascendance russe, d’une famille de musiciens – son grand-père était pianiste et professeur au conservatoire Tchaïkovski de Moscou, et son père, né également à Moscou, concertiste international et maintenant professeur au conservatoire de Genève, est venu s’installer en France en 1991 (1) – est née à Lyon en 1995 et a été mise au piano dès 4 ans. Par un jeu de relations amicales, elle est venue il y a quelques années, alors jeune élève prometteuse, se produire au Café des Arts, fin dénicheur de talents naissants. Et par une fidélité assez touchante, elle revient tous les ans, début mars, malgré sa notoriété croissante. Combien d’années aurons-nous cette chance ?

En attendant elle continue, en parallèle de sa carrière internationale, de se produire dans des lieux avec lesquelles on peut imaginer qu’elle a des attaches : le restaurant Michel Chabran à Pont de l’Isère le 9 mars puis la Salle Darius Milhaud à Bourg les Valence le 11 mars, qui est tout simplement l’école de musique et où la participation sera libre !

Programme interprété au Café des Arts vendredi soir : Variations de Haydn, Sonate n°19 pour piano de Schubert et Neuf Études-Tableaux op. 39 de Rachmaninov

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