La révolution permanente de Chantal

Il y a théâtre et théâtre ou... culture et culture(s) dirait un adjointe au maire grenoblois. Nous ne ferons pas le coup du sage qui montre la lune quand d'aucuns s'attardent sur son doigt... mais suivez mon regard ! Nous choisirons, comme nous y invite la dernière création de Chantal Morel "Le chagrin d'Hölderlin" d'élargir au monde l'espace réduit de la scène. Dans la belle lignée de ceux pour qui l'art es t éducatif en tant qu'art, Chantal Morel nous prévient contre toutes les récupérations et pose la question toujours très actuelle ( mais la décentralisation est passée par là) de la place e t du rôle du théâtre dans la société.

Ce n'est pas parce que les grenoblois d'aujourd'hui sont habitués au Petit 38 qu'il faut oublier que Chantal Morel a dirigé le cendre dramatique national des Alpes, qu'elle a été invitée à Avignon et a arpenté les plus grandes scènes de France. Manière de dire - même si, en l'espèce, cela n'y suffirait pas - qu'elle sait de quoi elle parle. Elle a choisi cette fois la voix d'Hölderlin pour jeter à la face du monde : " la posésie doit instruire ! ". " Instruire" un bien joli mot, qu'elle appréhende dans tous les sens : celui d'éduquer, de r-enseigner mais aussi " mettre une cause en état d'être jugée". Ainsi tout au long du fil de la vie d'Holderlin, déroulé depuis sa naissance en Allemagne à la fin du XVIIIè jusqu'à son crépuscule, en passant par les Lumières et la Révolution française, la question qu'elle pose est celle de la place du poète. Elle aurait pu " instruire" le procès d'une société sourde, dont elle parvient ( et ce n'est pas la moindre de ses qualité ) à faire percevoir au spectateur toute l'actualité. Mais elle ne le fait pas, Parcequ'elle est une artiste. Elle nous en laisse le soin, car c'est par nous, spectateur ébloui par ce qu'il voit et entend, que le glissement du singulier au collectif s'opère.

Dans les années 60, alors que la télévision passait encore pour un instrument d'éducation populaire en devenir, Claude Santelli et son Théâtre de la jeunesse ont appris à toute une jgénération et sur l'ensemble du territoire national, les grands textes portés par des acteurs dans des mises en scène somptueuses quoique réduites au " petit écran", on y pense irresistiblement devant " Le chagrin d'Hölderlin" : le décor tout de bois, une dominante de noir et blanc pourtant taché de couleurs, l'enchâssement des fenêtres ouvrant les unes sur les autres, les déplacements économes des actrices (toutes deux superbes ) tout en nuances et pourtant comme éclairées l'une après l'autre par le feu du texte...Un spectacle très abouti.

avec Elisa Bernard et Eloïse Guérineaudelamerie

au Petit 38, rue Saint Laurent 0476541230

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