Édito du n°1062 - mercredi 28 juin - Petit Bulletin Grenoble
Catherine Deneuve est l’une des actrices les plus mythiques de sa génération, ça ne se discute pas. Elle a tourné (et tourne encore) avec les plus grands, français (Jacques Demy, François Truffaut, André Téchiné…) comme internationaux (Luis Buñuel, Roman Polanski, Manoel de Oliveira…), sous le nom de jeune fille de sa mère. Car au civil, Catherine Deneuve s’appelle Catherine Dorléac. Dorléac, oui ; comme Françoise, avec qui elle partagea l’affiche dans le film culte Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (1967), sur deux jumelles fantasques en quête d’amour et d’une autre vie.
C’était il y a cinquante ans, le 26 juin 1967. Dans le sud de la France, sur une route reliant Saint-Tropez à Nice, où se trouve l’aéroport qu’elle devait rejoindre pour présenter Les Demoiselles de Rochefort à Londres. Un tragique accident, lié à la vitesse excessive de la Renault 10 de location qu’elle conduisait, lui coûta la vie, à 25 ans – elle était née un an avant Catherine. Cette semaine marque ainsi les 50 ans de la disparition de Françoise Dorléac, qui aurait pu connaître la même carrière que sa sœur – en à peine huit ans, elle a tout de même tourné avec François Truffaut, Philippe de Broca, Roman Polanski…
« C’était un sujet tabou dans ma famille. Le jour de sa mort, une chape de plomb s’est abattue sur nous, et parler d’elle est devenu impossible » a récemment déclaré Catherine Deneuve, qui accepte depuis quelques années de revenir sur cet événement tragique. « À nous deux, nous ferions une femme formidable » (Deneuve sur le tournage des Demoiselles de Rochefort en 1966). On aurait adoré le constater aujourd'hui.
