GRAVURES REMBRANDT, Fondation Glénat, Grenoble

Exceptionnel et rarissime !

La Fondation Glénat a réussi le tour de force d’acquérir une collection unique de gravures de Rembrandt qui appartenait au collectionneur britannique Neil Kaplan, qui l’avait patiemment enrichie pendant plus de 30 ans après son premier achat en 1984, suite à un gain à la loterie ! Il a souhaité s’en séparer et le spécialiste de Rembrandt, Jean-François Heim, a été chargé de dénicher l’amateur éclairé qui éviterait la dispersion de cet ensemble exceptionnel. Il a désormais trouvé un nouvel écrin au Couvent Sainte-Cécile.

C’est évidemment exceptionnel par la quantité, mais ça l’est surtout par la qualité et par ce travail d’une minutie et d’une finesse quasi inconcevables de gravure. L’auto-portrait utilisé pour l’affiche fait seulement quelques centimètres de largeur et pourtant l’expression de surprise est totale, les yeux se plantent dans le regard du spectateur, les lèvres sont charnues et les mèches de cheveux débordent de son béret de peintre. Et Rembrandt avait inventé la haute-définition dès le XVIIème siècle car certaines gravures ont été agrandies plusieurs dizaines de fois pour servir de support de communication sans que cela n’altère les sujets représentés.

Mendiants à la porte d’une maison recevant l’aumône | Muzéo

Rembrandt est considéré par les experts comme un maître de la gravure et utilisait la technique de l’eau-forte. Quelques explications sont fournies à l’entrée et on aimerait retourner en enfance pour assister à un des ateliers proposés pendant la durée de l’exposition ! Je suis d’ailleurs persuadé qu’une telle activité pour les adultes aurait un réel succès, une suggestion à la Fondation Glénat.

Une moitié environ des gravures sont des portraits, souvent de Rembrandt lui-même, de sa famille et de ses proches. Ils sont tous d’une finesse et d’une humanité étonnantes. Il a également reproduit beaucoup de scènes de la vie quotidienne comme ces mendiants recevant l’aumône. En s’approchant – des loupes sont mises à disposition, très heureuse initiative – on voit les regards des différents personnages exprimer la bonté et le respect. Même le bébé sur le dos de sa mère semble se pencher pour assister à l’aumône !

Reconnu pour sa faculté à jouer sur les contrastes de la lumière et de l’obscurité pour diriger le regard dans ses peintures, il arrive à recréer dans ces gravures en noir et blanc les éclairages, les nuances, les volumes qui rendent les scènes vivantes, qui confèrent aux multiples personnages leur importance relative et qui baignent l’ensemble d’une douceur paradoxale quand on imagine le travail des outils et de l’acide pour sculpter les plaques d’où naîtront les différents tirages.

Rembrandt a également représenté beaucoup de nus féminins, qui d’ailleurs à l’époque ont plutôt fait scandale car il préférait une vision réaliste aux représentations académiques lisses et parfaites du corps.

Une des gravures les plus étonnantes et, par son sujet, les plus sensuelles, est la « La négresse couchée » (1658, 151 x 83 mm) dont on imagine mal qu’elle a près de 400 ans ! Surtout si on la met en regard du « Nu couché, vu de dos » d’Auguste Renoir, (1909, 405 x 503 mm), et dont on aurait presque l’impression que la technique picturale recrée les traits de l’eau-forte.

Attention aux amateurs : la collection complète n’est exposée que jusqu’au 16 décembre. Un espace lui sera ensuite réservée mais elle ne sera que partiellement présentée pour des raisons de préservation.

Exposition Rembrandt, Couvent Sainte-Cécile, Grenoble, 19/10/2017 – 16/12/2017

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