Les réfugiés, notre indifférence et... Dostoïevski

Édito du n°1093 - mercredi 25 avril 2018 - Petit Bulletin Grenoble

Un être qui s’habitue à tout : voilà, je pense, la meilleure définition que l’on puisse donner de l’homme. » Commencer un édito par une citation de Dostoïevski, c’est un poil pédant. Mais il se trouve que cette phrase, piochée de son roman Souvenirs de la maison des morts (1862), résume bien où nous autres Français en sommes avec la question des réfugiés. En gros : oui, c’est terrible, mais bon, ça fait longtemps que ça dure, et franchement, que pouvons-nous faire à notre petite échelle ?

Sauf que ce week-end des 21 et 22 avril, notre indifférence est devenue encore plus coupable quand une centaine de militants d’extrême droite, membre du groupe Génération identitaire, ont bloqué le col de l’Échelle (Hautes-Alpes), lieu de passage de certains migrants, dans une mise en scène grand spectacle intitulée "Defend Europe". « Nous avons réussi à attirer l'attention médiatique et politique sur le col de l'Échelle » s’est félicité le chef de cette milice 2.0, satisfait de son nouveau coup de com largement relayé (et dénoncé, notamment pour ses mensonges) par la presse.

Alors certes, nous ne sommes qu’un hebdo censé parler de culture, mais cette situation devrait bien évidemment concerner tout le monde. À nous autres, donc, de nous manifester et d’agir pour faire mentir Dostoïevski (encore lui, oui) qui écrivait, dans Les Frères Karamazov (1877), « on compare parfois la cruauté de l’homme à celle des fauves, c’est faire injure à ces derniers ».

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