Philippe Lançon, "Charlie Hebdo" et « la solitude d'être vivant »

Édito du n°1094 - mercredi 2 mai 2018 - Petit Bulletin Grenoble

« Ils avaient quatre-vingt-un ans et ils allaient bénéficier pendant quelques mois de cet extravagant privilège, redevenir indispensables à la vie de leur vieux fils comme s'il venait de naître. » Le Lambeau de Philippe Lançon est un témoignage d’une force incroyable, un immense livre sur la résilience, sur le retour à la vie d’un corps et d’une âme meurtris. Car le 7 janvier 2015, l’écrivain et journaliste a été sérieusement amoché lors de l’attentat qui a décimé une grande partie de la rédaction de Charlie Hebdo, avec un tiers de son visage (le bas) réduit en charpie. Même si, sur le coup, alors que les morts s’étalent autour de lui (dont la cervelle du chroniqueur économique Bernard Maris), il ne s’en rend pas tout de suite compte.

Certes, il y a son récit précis, et forcément subjectif, de l’attaque et des minutes qui ont suivi. Mais il y a surtout les jours et les mois d’après, à l’hôpital, « où il ne souffrait pas » mais « était la souffrance », rythmés par de nombreuses interventions chirurgicales – dix-sept au total. Et où celles et ceux qui sont venus le voir (ses parents donc, son frère, sa compagne, son ex-femme…) autant que ses lectures l’ont aidé à surmonter « la solitude d’être vivant ».

« Oublier le moins possible devient essentiel quand on devient brutalement étranger à ce qu’on a vécu, quand on se sent fuir de partout. » Un long texte intime et personnel, et une grande œuvre littéraire qui met des mots sur l’indicible.

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