ADAEP vs STUD et les autres

Quel édifiant récit que celui de Laurence Tadjine (PB n° 1104) qui raconte pudiquement le passage de relai entre l'ADAEP et le Scud...pardon, le Stud voilà 10 ans ! Un vrai conte de fées. « Il a ensuite été voté que le lieu ne serait plus autogéré mais géré par une équipe, pour justement permettre le tout-venant et non la mainmise d'une salle par quelques associations. » Enfin une équipe désintéressée au service du public, il était temps ! Nous avons, quant à nous, une autre version.

Il était une fois un collectif d'associations (théâtre, musique, danse, commedia dell'arte, marionnettes, jeune public...) mélangeant artistes amateurs, pros, semi-pros et une flopée de bénévoles qu'on n'oserait imaginer aujourd'hui. C'est sans doute cela que Laurence Tadjine qualifie de « fonctionnement sur une toute petite économie, presque de l'auto-gestion » (comprenez : de vrais branleurs). Les activités qui marchaient nourrissaient celles qui marchaient moins bien, et c'était un vrai collectif, c'est-à-dire que chacun pouvait y apporter ses idées et son huile de coude au service du bien commun.
Cela avait été entre autres pendant des années le bac à sable des musiciens du collectif MusTraDem qui avaient, en 20 ans, réussi à faire de Grenoble en général et de l'ADAEP en particulier une plaque tournante européenne des Nouvelles Musiques Traditionnelles : concerts, bals, Nuits du Folk, résidences d'artistes, tournées, albums, stages...tout cela marchait du feu de dieu (et marche encore, ailleurs) et bien des Grenoblois s'en souviennent.

Tous ces artistes, suite à une expulsion d'un précédent lieu en 1994, avaient réussi à remonter la pente et fondé une SCI qui les rendait carrément propriétaires de leur nouveau local, vous me suivez ? Il advint qu'à la faveur d'une gestion pas toujours très maligne, l'ADAEP fut mise en liquidation. Un habile négociateur survint alors qui s'en alla chercher subsides auprès du politique, contre la promesse de faire du ménage. Ce qui fut fait : un bail aberrant fut signé avec le Stud, nouveau locataire, et les saltimbanques dépassés furent priés de dégager le plancher d'un local qui leur appartenait pourtant – et leur appartient encore aujourd'hui - et de faire place nette pour les marchands de whisky, auto-rebaptisés « démocratiseurs culturels ».

Dans les faits, il n'y a bel et bien eu aucune continuité entre les deux projets. Laurence Tadjine, en rebaptisant avec un certain culot « mainmise d'une salle par quelques associations » un vrai projet collectif mené dans un local ouvert par ses propriétaires légitimes, ne fait que renverser les rôles et repeindre en rose une opération qui, en fait de culture, a surtout mis en avant celle de la jungle. Mieux que la préemption ou l'expropriation légale ! La roue tourne, c'est une chose. Dire n'importe quoi, une autre.

Pour le collectif MusTraDem,
Christophe Sacchettini
www.mustradem.com

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