La vie de Brian

Le Centre Culturel Cinématographique entame sa nouvelle saison avec hardiesse en projetant ce fleuron d’humour iconoclaste des Monty Python. Dans l’ombre des prestigieux “Sacré Graal” et “Le Sens de la Vie”, le film constitue pourtant un sommet d’invention, de satire et d’hilarité. François Cau

À la fin de l’aventure télévisuelle Monty Python’s Flying Circus, les forces créatives du show s’allient pour accoucher de leur premier chef-d’œuvre cinématographique, Sacré Graal. Les Python ne s’y contentent pas de greffer leur non-sens alors révolutionnaire à la quête du Roi Arthur, mais interrogent la légende et ses résonances contemporaines avec pertinence. La mise en scène est confiée (en dehors des scènes d’animation, signées Terry Gilliam) à Terry Jones, érudit en Histoire, ce qui donne au film un cachet réaliste inattendu. Pendant la promotion du film, la troupe souhaite couper court à la question, quasi systématique, de savoir quel sera leur futur projet. Eric Idle se hasarde à lâcher le titre, totalement inventé, de Jesus-Christ’ Lust for Glory (“La soif de gloire de JC“). Il remarque que ça a tendance à faire taire les interviewers sur le sujet, et la blague est illico reprise par le reste des Monty Python. Lorsque ces derniers se mettent à plancher sur un nouveau film, cette bravade ne leur semble plus si absurde. Après quelques tergiversations, l’idée leur vient de narrer l’histoire d’un certain Brian, dont le destin n’a de cesse de croiser et de se confondre avec son contemporain, le fameux Jésus-Christ.Nul n’est prophèteAu sortir d’un tournage assez mouvementé, au budget plus que serré, La vie de Brian sort sur les écrans, déclenche le courroux des instances chrétiennes, toutes unifiées pour l’occasion (John Cleese, dans un bonus du DVD : «Au moins, on a réussi à les rassembler pour la première fois en 2000 ans»). Qu’importe une polémique déjà oubliée, à l’inverse de ce film, dont la réussite est totale. Même le grain lavasse des vieilles copies VHS n’arrivait pas à entamer sa superbe, et au contraire, durcissait les partis pris souvent glauques à souhait d’une direction artistique irréprochable. Nanti d’une assise crédible, à même de légitimer les pires absurdités, La vie de Brian enchaîne les morceaux de bravoure comique à une vitesse souvent vertigineuse (le finale sifflotant, of course, mais aussi les scènes avec Ponce Pilate, les prêcheurs publics, l’interlude extraterrestre, ou encore la séquence de la lapidation, où le génie de la bande explose dans son versant le plus grotesque). Le film bénéficie néanmoins des qualités d’une écriture plus rigoureuse qu’elle n’y paraît, gradation on ne peut plus cohérente dans le chaos et les quiproquos signifiants. L’œuvre joue énormément de son iconoclasme, mais ne s’interdit pas de jeter un regard attendri sur l’humain, animal étrange ausculté ici avec une irrésistible amertume. Bienheureux les spectateurs qui le découvriront pour la première fois.La vie de Briande Terry Jones (1978, GB, 1h33) avec Graham Chapman, John Cleese…le 3 octobre à 20h, Salle Juliet Berto

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