Alain Resnais, notre aimé

Hommage / Alain Resnais, 85 ans, 17 long-métrages, des courts, des documentaires à tout jamais marquants, éternellement présents, toujours uniques et novateurs. Le Festival du Court Métrage lui rend à juste titre hommage, à travers la projection ouverte à tous d ‘I want to go home, un long-métrage sorti 1989 sur l’esprit français radiographié par un auteur de bandes dessinées (projeté 4 juillet à minuit à la Salle Juliet Berto), et les deux jours de stage d’analyse filmique qui, ne pouvant accueillir qu’une trentaine de personnes par soucis d’échanges à taille humaine, est, malheureusement déjà complet. Les heureux participants découvriront lors de ces deux journées, des perles. Dont Van Gogh (1948) le premier court-métrage réalisé par Resnais : les œuvres du maître y sont filmées avec une caméra qui semble pénétrer la peinture par l’effacement du cadre, procédé que l’on retrouve dans Paul Gauguin (1950). À travers Guernica (1950), Resnais aborde la guerre d’Espagne. Avec Nuit et Brouillard (1955), il délivre un document poignant sur le génocide nazi. On le constate, sa réflexion sur les sujets politiques, sur les évènements sociaux graves, son souci d’humanisme sont la sève de ses travaux. Dans Toute la mémoire du Monde (1956), on plonge dans sa vision personnelle et inspirée de la Bibliothèque nationale. Bon nombre de ses films et documentaires ont suscité l’incompréhension, la critique virulente et la censure, dont le court-métrage Les Statues meurent aussi (qu’il réalisa avec Chris Marker en 1950). Cette commande de la revue Présence Afrique sera projetée en 68, après 15 ans d’interdiction. À travers l’art africain et spécialement les statues et les masques nègres, Resnais délivre une virulente diatribe contre les insoupçonnables méfaits du colonialisme. Premier long en 59 avec Hiroshima mon amour. Suivront entre autres, le surréaliste et psychanalytique Je t’aime, je t’aime en 1968, Stavisky (1974), qui dénonce les scandales financiers de la 3e République avec un Belmondo altier et sournois dans le rôle d’Alexandre Stavisky ; le déroutant et extravagant Providence en 1977. L’imaginaire enchanté de Resnais, un alliage singulier de tons, un traitement formel, visuel, spacial et sonore unique, a donné naissance à une œuvre cinématographique majeure, que vous pouvez aussi découvrir en DVD. Séverine Delrieu

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