Une année de cinéma

La grenouille mexicaineIls font des blockbusters hollywoodiens ou des films d'auteurs chics chez les indépendants, ramassent des dollars et les ramènent en Europe pour signer des œuvres dont Hollywood n'aurait jamais voulu. Guillermo Del Toro, Alfonso Cuarón et Alejandro Gonzalez Iñarritu ont formé un sacré trio de grenouilles mexicaines bien plus fortes que le bœuf américain... Si Le Labyrinthe de Pan et surtout Les Fils de l'homme, ce chef-d'œuvre sorti de nulle part, ont été des chocs mémorables, on est vénèrs après Babel, pamphlet cynique et démago pour festivaliers fatigués.Acteurs français, jouez, par pitié !Mode 2006 du cinéma français : les acteurs-réalisateurs. Résultat : rien que des horreurs ! Pourquoi accepte-t-on de produire (et parfois à grands frais !) des scénarios qui, signés d'un simple cinéaste, se verraient soumis à d'incessantes réécritures ? Enfants gâtés piochant leur inspiration dans les livres à la mode, l'air du temps façon news magazines ou les concepts anémiques, De Caunes, Canet, Zem, Zabou ou Darroussin ont pour eux leurs carnets d'adresses et une force de frappe promotionnelle : pour le reste, ça craint ! On se souviendra ainsi longtemps de ce plateau surréaliste des Enfants de la télé avec la pourtant pas très fashion Marie-Josée Croze en sandwich entre Benêt Canet et On-t'a-trop-vu Berléand !Politiques frictions«Tout est politique» disait-on en 68... Surtout le cinéma, ajoutera-t-on en 2006 ! Clooney, Niccol, Spielberg, Scorsese, Eastwood, Bouchareb, Verhoeven, Cuarón, Del Toro, Loach, Sissako ont tous signés d'intenses films engagés, en prise avec le monde et ses tourments. La guerre, bien sûr, mais aussi la montée des fascismes et la désintégration inquiétante de la démocratie sous les coups de boutoirs des intérêts privés et des réalités communautaires : voilà les sujets forts de cette année cinéma.Du genre à tomberSi on a vu plus de grands films pendant les trois derniers mois de 2006 que pendant les deux années précédentes, c'est surtout grâce au renouveau incontestable du cinéma de genre. Il est vrai que quand Scorsese revient au film noir avec Les Infiltrés, ça fait mal, très mal... Mais quand Alfonso Cuarón fait de la SF dans Les Fils de l'homme, ça n'est pas mal non plus. Le cinéma fantastique n'est pas en reste : film-manifeste, Le Labyrinthe de Pan en est le meilleur exemple, mais des œuvres aussi intéressantes que Fragile (sorti direct en DVD, la honte !) et The Devil's rejects ont aussi participé à cette belle moisson. Sans oublier la tuerie de l'année : The Host, qui a l'audace de mélanger TOUS les genres sans en écorner aucun.La comédie vote SarkoIl y a deux ans, Michel Blanc déclarait : «Faire Les Bronzés 3 ? Pourquoi ? Pour faire Les Bronzés ont le cancer ?» (véridique !). Finalement, il l'a fait, et on se demande encore pourquoi... Moins suspect d'avoir une quelconque intégrité, Fabien Onteniente n'étonne personne quand il s'accoquine avec le comique machiste Franck Dubosc pour faire une ode au Camping qui ressemble à un discours de Sarkozy flattant les grandeurs de la classe populaire. Merde ! On préfère OSS 117 et Jean Dujardin qui, au moins, traitent tous ces fiers Français bloqués 30 ans en arrière pour ce qu'ils sont : des gros beaufs !God save the cinéma anglaisQu'est-ce qu'ils mettent dans leur pudding, les Anglais, pour savoir à ce point créer des effets de réel ? Franchement, qui, à la sortie de Vol 93, n'a pas eu l'impression d'avoir participé au crash tragique de cet avion un fameux 11 septembre ? Qui n'a pas senti la tristesse absolue des banlieues écossaises après Red Road d'Andrea Arnold ? Qui n'a pas eu le bide serré lors des scènes de torture du Vent se lève, petite palme d'or du grand Ken Loach ? Mais les Anglais ne font pas que ça : ils savent aussi faire rire et faire peur en même temps (Severance) et même disséquer l'avenir de cette illusion magnifique qu'est le cinéma (le splendide Prestige de Christopher Nolan). Vive l'Angleterre !

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