(É)pris de court(s)

Entretien / À l’occasion de la 29e édition du festival du court-métrage en plein-air, rencontre avec Michel Warren, à la tête de l’équipe organisatrice. Propos recueillis par Damien Grimbert

Petit Bulletin : Quel bilan tirez-vous de tous les films visionnés pour aboutir à la sélection du festival ?
Michel Warren : Depuis 2002, la tendance était plutôt à la baisse en termes de quantité de films réalisés et cette année, c’est remonté, pas au niveau des grandes années 1996-1997, mais pratiquement au niveau 2002, donc la baisse de production est enrayée. D’autre part, la qualité des productions est elle plutôt à la hausse, les producteurs et réalisateurs continuent à savoir être inventifs, créatifs, et faire des films qui aujourd’hui ne ressemblent pas à ceux d’hier. Alors après, ils plaisent ou ne plaisent pas, mais globalement, je crois pouvoir dire que la sélection de cette année est plutôt un bon cru.Comment expliquez-vous cette recrudescence quantitative ?
C’est un peu difficile parce que je ne suis pas du bon côté de la barrière, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a 3 ans, un certain nombre de “grandes maisons” de production de courts-métrages, ont fermé : les films du jeudi, Lazenec… n’ont plus produit de films, ce qui a contribué à faire un trou en termes de quantité de films produits. Et parallèlement, de petites sociétés, qui étaient en train de se mettre en place il y a 4 ou 5 ans, ont aujourd’hui pris leur envol et sont devenues des sociétés “normales”, qui produisent régulièrement des courts métrages et contribuent a augmenter la production ou en tout cas à enrayer la chute.Avez-vous repéré des modes, ou des tendances ?
La première, c’est que les créateurs et producteurs font preuve d’imagination, et donc qu’un certain nombre de films “prototypés”, de style “Canal +”, ou “Arte”, ont tendance à disparaître à l’avantage d’originalité nouvelle, indépendamment du fait qu’elle soit aussi souvent le fait de talents nouveaux. Mais “les films qui se ressemblent”, aujourd’hui, se ressemblent moins. Après, sur les thèmes traités, il y a eu des années “chien”, des années “suicide”, etc., mais je pense que cette année, l’éventail est plus large que d’habitude. On ne peut pas dire qu’il y ait un thème majeur qui soit traité par un pourcentage important de réalisateurs, même s’il y a quand même une vague dominante pour ce que j’appellerais “le troisième âge”, c'est-à-dire les grands-parents, les maisons de retraites, ou les fins de carrière... Ce n’est pas du tout une tendance dominante, en revanche, ça fait partie des thèmes qui sont plus souvent traités qu’autrefois.Sur quel axe est bâtie la programmation hors compétition ?
Je ne suis pas sur qu’il y ait un axe, en tout cas pas un axe évident, “au premier degré”. Ce qu’on essaie, premièrement, c’est de ne pas faire la même chose que les années précédentes. Deuxièmement, il y a un thème un peu “caché”, qui, cette année, se situe probablement au niveau de l’image au sens large du thème. D’abord parce qu’on aura un chef opérateur dans le jury, et même un étalonneur, qui est quand même quelqu’un d’important quand on parle image. Et d’autre part, parce que ce thème un peu caché va engendrer quelques rencontres, et débats à travers la semaine, même si ce n’est pas obligatoirement celui là qui est affiché. Par exemple on va fêter les 80 ans de l’école Louis Lumière, qui est LA grande école de chefs–opérateurs. Son directeur va venir, on va passer des films des anciens élèves de l’école, etc… Enfin, on va avoir un regard assez important sur le cinéma d’animation, qui est un peu, indépendamment de l’animation elle-même, le cinéma de l’image à l’état pur.Il y des angles du festival qui vous tiennent particulièrement à coeur ?
Le stage d’analyse de film, dans lequel, avec un groupe très réduit, on étudie une filmographie, ou un genre. Cette année on a choisi Franju, un monsieur qui a travaillé en partie dans l’univers du fantastique. (cf. encadré). Même si c’est un stage d’étude, que ça ne se passe pas à 22h sur la place St André et que ça n’intéresse pas 1200 personnes, ça nous parait néanmoins intéressant dans notre approche du cinéma en général. Bien entendu, c’est un festival, que ce qui est important, ce sont les 5 programmes en compétition, mais ils ne sont pas isolés, tous seuls, bombardés comme ça pour amuser les gens. Cette programmation de festival, s’est toujours placée dans un contexte plus général d’étude d’approche du cinéma, avec des professionnels. Et sinon la brocante / bric-à-brac du samedi, place Notre-Dame qui est un lieu que j’aime bien. C’est un peu tout et n’importe quoi, il y a une douzaine d’exposants qui viennent d’un peu partout avec des camionnettes pleines de trucs concernant le cinéma, la photo, la vidéo, et qui viennent vendre, échanger… ça ne concerne pas directement les films, mais ça trempe quand même aussi dans un univers autour du cinéma.Festival du Court Métrage en Plein Air de Grenoble
du mardi 4 au samedi 8 juillet

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