Paris je t'aime

Dix-huit cinéastes nous proposent leur vision de la rencontre amoureuse dans la capitale de l’hexagone. Coup de foudre pour certains, râteau pour d’autres. Nikita Malliarakis

Ambitieuse entreprise que celle de remettre au goût du jour le film à sketches, en forme qui plus est d’hommage choral à une ville mythique mais quelque peu rabachée au cinéma. Si nous pouvons applaudir l’audace des producteurs du film, le résultat souffre du fatal déséquilibre des œuvres collectives. Demander à des cinéastes prestigieux ou simplement confirmés, d’illustrer par des court-métrages de leur fantaisie le mythe du Paris romantique était un choix risqué : on ne pourra que se réjouir de voir le film échapper à la plupart des pièges. L’intérêt n’est hélas pas toujours au rendez-vous, les réalisateurs les plus heureux dans leur choix n’étant pas forcément les plus établis. L’énumération de la totalité des sketches n’aurait pas un grand intérêt, aussi nous contenterons-nous de signaler les plus marquants : le chef-opérateur Christopher Doyle, collaborateur régulier de Wong Kar-Wai, signe une variation surréaliste sur les périples d’un VRP perdu dans le Chinatown du 13ème arrondissement ; l’allemand Oliver Schmitz nous offre l’un des sketches les plus émouvants avec le destin tragique et absurde d’un immigré africain ; Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belleville) nous offre sa première réalisation live avec une pochade digne du cinéma muet comptant les aventures d’un «con de mime» ; Nobuhiro Suwa réussit à faire surgir l’émotion autour d’une mère en deuil de son enfant, malgré des dialogues un peu maladroits. Entre Pantruche et baudruche De fait, les principales réussites viennent des cinéastes ayant choisi de contourner l’écueil du thème imposé de la rencontre amoureuse pour nous offrir des variations ironiques, délirantes ou tragiques. Comme dans tout coup de foudre, l’émotion surgit de l’inattendu et se défie des clichés : aussi est-il décevant de voir Wes Craven buter sur une gentille œuvrette touristique, Gus Van Sant ressasser maladroitement son thème de l’incommunicabilité amoureuse ou Tom Tykwer reprendre tels quels ses tics de mise en scène. Gérard Depardieu et son compère Frédéric Auburtin se limitent à filmer avec révérence Ben Gazzara et Gena Rowlands, dont le charme ne suffit pas à ressusciter les mânes de Cassavetes. Parmi les grands noms, la meilleure variation vient encore des frères Coen, qui retournent comme un gant le thème du romantisme parisien pour s’acharner avec délectation sur Steve Buscemi, touriste américain à la poisse remarquable. L’inévitable hétérogénéité des sketches, et leur grande inégalité qualitative aboutissent à la naissance d’un objet bâtard, parcouru de grandes lueurs d’émotion, mais plombé par ailleurs de prestations amidonnées. Malgré l’inspiration de certains auteurs, le sentiment global est celui de voir exhibé un bel objet un peu vain et à la nécessité discutable. Paris je t’aime Film collectif (Fr, 2h) avec Natalie Portman, Steve Buscemi, Bruno Podalydès, Nick Nolte, Juliette Binoche, Elijah Wood….

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