panorama / Pour cette seizième édition, les rencontres jeune public du Méliès offrent un aperçu éclectique des cinématographies mondiales. Tour d’horizon des œuvres sélectionnées. FC, SD & GR
L’histoire du chameau qui pleurede Byambasuren Davaa et Luigi Falorni (2003, All/Mongolie, 1h30) avec Uuganbaatar Ikhbayar, Odgerel Ayusch…Une œuvre à la beauté certaine, construite autour d’une tradition mongole sur le pouvoir apaisant de la musique et de ses effets sur une chamelle et son petit. On craint pendant les premières minutes d’avoir affaire à un film dont le seul intérêt serait purement ethnologique, on se retrouve au finish avec une œuvre universelle, un conte à la poésie précieuse. FCMcDull dans les nuagesde Toe Yuen (2002, HK, 1h15) animationUn dessin animé d’une grande originalité, dont le ton juvénile semble ne le destiner qu’au seul jeune public, mais qui s’avère suffisamment stimulant dans ses partis pris artistiques pour emporter l’adhésion. McDull, petit cochon élevé par sa mère autoritaire, n’a de cesse de se réfugier dans ses fantasmes, dans son désir de devenir champion de l’obscure discipline de “capture de brioches“. En dépit de quelques private jokes typiquement hongkongaises, McDull dans les nuages demeure un divertissement fédérateur, aux délires graphiques jouissifs. FCMuksinde Yasmin Ahmad (2006, Malaisie, 1h34) avec Sharifah Aryana, Mohd Syafie Naswip…La jeune Orked se lie d’amitié avec Muksin, ado de passage dans son village traditionaliste. Dans cette belle fable aux échos autobiographiques, Yasmin Ahmad parvient à capter toutes les richesses des émotions partagées entre des personnages irrésistibles. Mise en scène ouatée, comédiens exemplaires, Muksin est une surprise délectable. FCPaïde Niki Caro (2003, EU/Nouvelle-Zélande, 1h41) avec Keisha Castle-Hugues, Rawiri Paratene…La réappropriation cinématographique de légendes du peuple maori. La jeune réalisatrice néo-zélandaise Niki Caro ne tombe pas dans le piège de l’illustration, de la simple vignette folklorique. Très loin s’en faut : traversé d’images fulgurantes, de scènes à la beauté d’autant plus envoûtante qu’elles sont accompagnées des compositions de Lisa Gerrard (ex Dead can Dance), Paï vous embarque dans un voyage féérique. FCSwades : nous, le peupled’Ashutosh Gowariker (2004, Inde, 3h30) avec Shah Rukh Khan, Gayatri Joshi…On le sait, le cinéma en provenance de Bollywood n’est pas vraiment le reflet de la vie sociale réelle de l’Inde. Ce paradoxe déroutant d’une population vivant dans le dénuement, et se déplaçant en masse pour assister aux errances amoureuses de jeunes bourgeois, Ashutosh Gowariker (Lagaan) le démonte ici avec un film grand public dévoilant enfin le peuple indien avec justesse. Via le retour de l’enfant prodigue Mohan dans son village, Swades nous décrit une communauté soudée, solidaire dans le dénuement. De quoi mettre à mal les clichés réconfortants dans lesquels s’enferment les réfractaires du cinéma indien. FCLa complainte du sentierDe Satyajit Ray (1955, Inde, 1h55) avec Kanu Bannerjee, Subir Banerjee, Uma Das Gupta…Satyajit Ray décrit dans ce premier film de la trilogie d’Apu, l’existence très dure, inégalitaire, et encore très imprégnée des croyances et rites, d’une famille pauvre habitant un village du Bengale. Soit la famille de Durga, la fille aînée, et d’Apu, le garçon choyé, protégé, seul a avoir droit à l’instruction. Leur père a des velléités littéraires, mais est sans le sou ; la mère déprimée par tant de difficultés, et de rêves avortés, se défoule sur Tati magnifique personnage. Leur maison s’écroule, les dettes s’accumulent. Ici la noirceur de la vie, l’absence de perspectives et de solidarité, est contrebalancer par la beauté de la nature, et la poésie de certains personnages. Une perle cinématographique incontournable. SDRabide Gaston Kaboré (1992, Burkina Faso, 1h02) avec Joséphine Kaboré, Paul Yerbanga… Rabi, jeune garçon burkinabé, vit dans un petit village en pleine brousse et partage sa vie entre l’apprentissage du métier de ses parents et ses jeux d’enfant. Mais, son avenir tracé et balisé va être chamboulé par deux rencontres : l’une avec un vieux sage et l’autre avec une tortue. Le film plonge dans un univers codé faisant découvrir l’importance et le poids des traditions familiales - la tortue qui représente le casus belli entre Rabi et sa famille illustre à merveille ce sentiment. Le rythme de l’image, lent et langoureux, accentue ce sentiment de pesanteur. Mais Rabi reste une plaisante réussite, à la condition d’accepter de se laisser porter et guider par l’histoire. GR1, 2, 3… Léon !Programme de courts-métrages de 45 minutes, dès 3 ansQuatre courts-métrages en provenance de différents pays, et réalisés selon des techniques diverses, brillent pour leur message universel. Chez Madame Poule, film de 7 minutes, réalisé par le canadien Tali, met en scène un enfant poule qui refuse tout ce que lui propose sa mère poule : elle crise, se sent dépassée par ce petit qui n’en fait qu’à sa tête, mais quand elle s’exprime aussi, il grandit. En 5 minutes Sientje, petite perle venue des Pays-bas décrit efficacement les colères (nécessaires) des enfants qui grandissent aussi. L’hiver de Léon, dessin animé réalisé par des français, raconte l’épopée d’un ours pour sauver une princesse. Enfin, La Bouche cousue, film d’animation fait à partir de personnages en pâte à modelée est un véritable OVNI magnifique : le scénario, la voix intérieure, les questionnements du narrateur, l’esthétique font l’originalité de ce film de 3 minutes. SD
