A casa de Alice

de Chico Teixeira (Brésil, 1h32) avec Carla Ribas, Vinicius Zinn…

Dans la maison d’Alice, la grand-mère s’occupe des tâches ménagères, alors que la cécité la guette. Les trois garçons vivotent de petits boulots en plans glauques. Le père «ramène l’argent et s’attend à ce que la table soit dressée et sa femme parfumée en rentrant» - même s’il préfère courir les adolescentes. Et Alice rêve. Que sa vie en vaille la peine, que son amour de jeunesse, croisé au détour de son salon de beauté, la fasse vibrer comme jadis. Dans cette morne mécanique quotidienne, tout peut déraper en un instant, même si ce virage attendu mettra du temps à pointer le bout de son nez… Chico Teixeira a de fait opté pour la forme la plus épurée possible : plans fixes légèrement tremblotants, absence totale de musique, mise en scène au cordeau, collant au plus près de ses personnages.
Si ce procédé cinématographique peut s’avérer convenu en de maintes reprises, marchant dans les sentiers balisés de la chronique socio-familiale dramatique - si chère au cœur d’albâtre des programmateurs de festivals internationaux, il se fait également le vecteur d’un portrait de femme parmi les plus convaincants vus récemment. Si Alice condense volontairement tous les enjeux de l’intrigue, son interprète, l’exceptionnelle Carla Ribas, se charge de les sublimer en leur donnant encore plus de corps. À sa grâce, le film devient une ode intègre à l’émancipation, loin de tout fantasme libertaire, et les drames larvés de cette cellule familiale sclérosée deviennent proprement bouleversants. Il faudra cependant patienter le temps d’une longue installation avant que l’émotion ne vienne reprendre ses droits.
François Cau

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 17 octobre 2023 L'édito du Petit Bulletin n°1221 du 18 octobre 2023.
Mercredi 6 septembre 2023 C’est littéralement un boulevard qui s’offre au cinéma hexagonal en cette rentrée. Stimulé par un été idyllique dans les salles, renforcé par les très bons débuts de la Palme d’Or "Anatomie d’une chute" et sans doute favorisé par la grève affectant...
Lundi 24 avril 2023 Le secteur culturel grenoblois s’empare, depuis peu mais à bras-le-corps, du sujet épineux de la transition écologique. Mobilité des publics, avion ou pas avion pour les tournées des artistes, viande ou pas viande au catering, bières locales ou pas...
Lundi 13 février 2023 Dans la catégorie humoriste nonchalant, on demande le pas encore trentenaire Paul Mirabel, drôle de Zèbre (c’est le nom de son spectacle) qui cartonne depuis (...)
Lundi 16 janvier 2023 Trois soirées électro à Grenoble pour faire bouger tes nuits : Ed Isar le 24 janvier à la Bobine, Umwelt le 27 janvier à l'Ampérage et une Semantica Records night le 28 janvier à la Belle Électrique.

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X