Les joies de la rentrée

Panorama / Peu de blockbusters américains, beaucoup de paris français, un lot de confirmations attendues et quelques très grands noms : quatre mois de cinéma pour tenir jusqu’à 2009 ! Christophe Chabert

Vous avez eu du mal à encaisser le mitraillage intensif de blockbusters hollywoodiens estivaux ? Rassurez-vous, l’automne s’annonce plutôt calme en la matière … Difficile d’éviter le nouveau James Bond (Quantum of solace, 29 octobre), toujours avec Daniel Craig, où l’on guettera la prestation du plus caméléon des acteurs français, Mathieu Amalric ; et en fin d’année le remake du Jour où la terre s’arrêta (10 décembre), qui démontre que le film catastrophe fait un retour en force à Hollywood, pour le meilleur (La Guerre des mondes, Cloverfield) ou pour le pire (Poséidon). Et à part ça ? Rien, nib, nada ! Pas même un Harry Potter (décalé à l’été prochain) ou une vague trilogie d’héroïc fantasy post-Seigneur des anneaux… Il y aura bien sûr quelques «ânimeries» pour la Toussaint et avant Noël (dont un deuxième Madagascar), mais ça reste le strict minimum. Conclusion : à rebours de notre économie générale, le cinéma français a de plus en plus tendance à jouer la carte de l’autosuffisance en produisant lui-même ses propres divertissements gaulois, quitte à en pomper la formule sur nos amis américains. À ce titre, avait-on vraiment besoin d’un troisième Transporteur ? Ou d’une adaptation de Largo Winch par le réalisateur de l’involontairement comique Anthony Zimmer ? Réponses courant décembre…Amis américains…
Si l’Amérique fait quand même bonne figure en cette rentrée, c’est surtout grâce à quelques auteurs populaires qui ont pris l’habitude de livrer en métronomes leurs nouveaux opus : Woody Allen, Ridley Scott, Clint Eastwood et les frères Coen. Allen quitte la Tamise londonienne pour la chaleur barcelonaise avec Vicky Cristina Barcelona (8 octobre), une comédie visiblement moite avec un réjouissant trio d’acteurs : Penelope Cruz, Scarlett Johanson et Javier Bardem. Bardem nous avait laissé bouche bée avec sa prestation grandiose (et oscarisée) dans No country for old men des frères Coen ; les frangins tenteront la passe de deux en 2008 avec une comédie noire dans la lignée du Big Lebowski, Burn after reading (10 décembre). Pour Body of lies (22 octobre), Ridley Scott a emprunté à Scorsese son nouvel acteur fétiche Leonardo Di Caprio ; il en a fait un journaliste parti traquer en Jordanie un ponte d’Al Qaïda dans un film d’espionnage aux forts relents politiques. Politique aussi, mais à la manière très personnelle de son réalisateur, L’Échange (12 novembre), nouveau film du maître Eastwood, part d’un fait-divers des années 30 pour tisser une allégorie sur les mensonges d’état et leurs dommages collatéraux. Politique enfin, mais là on se demande bien ce que ça peut donner : la bio d’Oliver Stone sur George W. Bush (W, le 29 octobre, juste avant le pot de départ du Président américain !), avec Josh Brolin, l’autre grand acteur de No country for old men, dans le rôle de la lettre-titre.… tsunami français…
On y revient : c’est donc le cinéma français qui tient l’affiche pendant quatre mois, avec une impressionnante liste de films qui n’ont pas pour mission de laisser les spectateurs indifférents. Ça commence fort dès cette semaine avec le d’ores et déjà fameux Martyrs de Pascal Laugier, qui relève le niveau de l’horreur hexagonale sans arriver à convaincre totalement (lire en page cinémascope). Deuxième uppercut en perspective : Vynian (1er octobre) du Belge Fabrice du Welz, réalisateur de l’excellent Calvaire, où un couple franco-anglais (Emmanuelle Béart, Rufus Sewell) part chercher son fils disparu dans la jungle thaïlandaise après le Tsunami. On attend beaucoup de ce survival métaphysique à la croisée d’Apocalypse now et des Rescapés de l’an 2000, fameux film espagnol et influence revendiquée par Du Welz lui-même. Film de genre encore, mais version XXL : le diptyque signé Jean-François Richet autour de Mesrine (L’Instinct de mort le 22 octobre et L’Ennemi public N°1 le 12 novembre). Cassel incarne le tueur mythique dans ce qui s’annonce comme une ambitieuse tentative de réconciliation entre cinéma d’auteur, cinéma mainstream et polar d’action. Plus calibrés, deux films français se disputeront le même jour (24 septembre) les faveurs du public : Faubourg 36 et Entre les murs. D’un côté, Christophe Baratier a englouti l’équivalent du PIB guatémaltèque pour tourner cette nostalgie musicale avec une partie de l’équipe de ses Choristes (enfin, pas les gamins qui chantent, juste Jugnot et Kad Merad). De l’autre, Laurent Cantet a raflé la Palme d’or à Cannes avec cette adaptation du bouquin de François Bégaudeau autour d’une classe «difficile» du XXe arrondissement parisien.Finissons par deux points d’interrogation : précédée d’une rumeur désastreuse, l’auto-adaptation de La Possibilité d’une île par Michel Houellebecq, en salles la semaine prochaine, sent déjà le roussi ; et peu aidée par une bande-annonce qui flaire un peu trop sa Môme, le Coluche d’Antoine de Caunes (15 octobre), qui pourtant s’écarte de la bio traditionnelle en circonscrivant son récit à une époque passionnante et peu traitée, le virage entre les années 70 et les années 80.… et OVNIS du monde entier.
Terminons ce panorama non exhaustif par quelques films qui bousculent les catégories établies. À ce jeu-là, Benoît Delépine et Gustave Kervern sont quasi-imbattables. En parallèle à leurs activités grolandaises, ils développent une œuvre cinématographique sans équivalent : après Aaltra et Avida, on est impatient de découvrir Louise Michel (24 décembre), plus politique et rageur que les précédents. Et que dire de Ben Stiller ? Acteur vénéré, mais ayant tendance à s’éparpiller dans tout et n’importe quoi, il retrouve sa casquette de réalisateur après les réussis Disjoncté et Zoolander avec Tonnerre sous les tropiques (15 octobre). Fidèle à sa règle de conduite (un film hollywoodien, un film européen), Guillermo Del Toro prolonge son Labyrinthe de Pan en donnant une suite à son Hellboy (29 octobre). Et Kim Jee-Woon, brillant cinéaste sud-coréen, poursuit son exploration des genres après Deux sœurs et A bittersweet life avec le western Le Bon, la brute et le cinglé (10 décembre). Un titre qui, mis au pluriel, résume bien cette rentrée cinéma…

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