Tetro

De Francis Ford Coppola (Esp-Arg, 2h07) avec Vincent Gallo, Alden Ehrenreich…

Comme sorti de nulle part, Tetro frappe d’abord par sa beauté plastique : dans un noir et blanc superbe et des plans magnifiquement composés, un jeune marin débarque à Buenos Aires pour y retrouver son frère, un écrivain qui n’écrit plus depuis qu’il a quitté l’Amérique et sa famille. Il se fait appeler Tetro, sa jambe est dans le plâtre après un accident de voiture, et il affiche un mélange d’aigreur et de désinvolture qui donne le ton du film, drôle et mélancolique, dans sa première partie. Après un Homme sans âge plutôt déroutant, Coppola reprend les choses en main et rappelle, sans tapage, quel grand cinéaste il est. S’il joue désormais profil bas, le réalisateur du Parrain ne trompe personne : intimiste et modeste, Tetro ne l’est que superficiellement. Au fil des flashbacks en couleur, à mesure que l’intrigue familiale se développe, Coppola impose au spectateur une tragédie qui se mesure largement au théâtre grec ou à celui de Shakespeare : un père spolie son frère et dérobe la femme de son propre fils, réduit du coup à masquer sa paternité pour cacher sa honte. Cette matière éminemment ambitieuse, la mise en scène, remarquable, la sublime littéralement. Le cinéma de Coppola dans sa nouvelle manière n’appartient plus qu’à lui, c’est un cinéma sans âge, qui défie les modes et le temps. Si le film précédent manquait cruellement d’émotions, celui-ci en déborde, porté par des acteurs formidables et très bien regardés : Vincent Gallo, qu’on est content de retrouver, et la révélation Alden Ehrenreich, dont on devrait entendre à nouveau parler très vite.
CC

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