In the air

De Jason Reitman (ÉU, 1h50) avec George Clooney, Vera Farmiga…

Avec un pragmatisme qui force le respect, le cinéma américain en est déjà à imaginer des fictions prenant en compte la récente crise sociale qui a frappé le pays. In the air, à ce titre, invente une sorte de Capra cynique et cool déjà expérimenté par le réalisateur Jason Reitman dans Thank you for smoking. Son héros, Ryan Bingham, interprété avec une classe invraisemblable par George Clooney, sillonne les Etats-Unis pour porter non pas la bonne parole mais la pire de toute : il est chargé d’annoncer à des employés leur licenciement. Ce salopard magnifique, sans état d’âme et sans attache, jouit de sa solitude en hédoniste tranquille, réglant sa vie sur des rituels dérisoires, surfant sur la société de consommation avec comme seul horizon les cartes de fidélité des hôtels de luxe et les miles des compagnies d’avion. Le film réussit à rendre par sa forme jazzy et son ton doux-amer le mélange de plénitude et de vide qui constitue son personnage, et que deux rencontres — une jeune arriviste aux dents longues mais au cœur fragile et une MILF aux mœurs libérés — vont craqueler en douceur. On craint un temps que Reitman ne donne une tournure un rien moralisatrice à son récit. Mais il opte en fin de compte pour un discours autrement plus fort, qui est aussi une morale de cinéma : Bingham reste au centre des illusions du capitalisme tandis que ses «victimes» découvrent dans sa marge une vraie raison d’exister. À l’image, c’est l’inverse : lui, tout petit au milieu du décor, résidu factice de la fiction, elles, plein cadre et face caméra, comme un triomphe du réel sur l’artifice. CC

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