Le merveilleux en question

Adaptation / Pour les générations avant Harry Potter, un auteur fut l’équivalent de J. K. Rowling en termes d’engouement, d’émulation et d’encouragement à la lecture : le fameux Roald Dahl. Si Wes Anderson se permet de rallonger l’intrigue de son Fantastique Maître Renard (toute la première demi-heure du film est son invention), il en conserve néanmoins les thématiques chères à l’auteur tout en les entremêlant avec finesse à ses propres obsessions. Recompositions des cellules familiales face à l’adversité, constructions personnelles d’enfants confrontés à leurs plus grandes peurs, ses récits, rédigés dans une écriture dont la simplicité ne rime jamais avec simplisme, ont valeur de quêtes initiatiques fondatrices. Auteur dans un premier temps de nouvelles grinçantes, Dahl s’est mis à écrire des fictions orientées jeune public avec le même degré d’exigence, avec le souci toujours prégnant de ne pas infantiliser à outrance son lectorat : ses œuvres emblématiques sont toujours empreintes d’une noirceur et d’un humour pince-sans-rire qui survécut rarement dans leurs adaptations sur grand écran. Ainsi, il était de notoriété publique qu’il ne portait pas vraiment dans son cœur la première adaptation de Charlie et la Chocolaterie de Mel Stuart ou Les Sorcières de Nicolas Roeg, deux films qui, en dépit de leur imagination graphique débridée, faisaient à son goût trop de concessions à la notion de divertissement telle qu’il l’abhorrait - en particulier en évacuant tous les sous-textes malsains et les fins ambiguës de ses romans, dégagées ici au profit d’happy end plus rassurants. On peut également parier que la version pop burtonienne de Willy Wonka lui aurait procuré un bâillement poli, tout comme les trois versions de Matilda... En revanche, l’adaptation par Henry Selick (Coraline) de James et la pêche géante respecte tout à fait l’inquiétude du matériau de base, sans que le réalisateur ne se sente pour autant obligé de s’effacer. Enfin, on peut deviner le sourire canaille qu’a dû lui arracher le travestissement total de sa nouvelle Gremlins par Joe Dante, tant l’ironie irrévérencieuse du film correspond à son idée d’une œuvre populaire !
FC

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