Gardiens de l'ordre

Nicolas Boukhrief compose un film noir stylisé, bancal, mais au final pas inintéressant malgré ses faiblesses. Jérôme Dittmar

Après Cortex, thriller casse-gueule sur fond d'Alzheimer, Nicolas Boukhrief continue son exploration du film de genre avec Gardiens de l'ordre. On pourrait disserter sur les limites du cinéaste, ex objecteur de conscience cinéphile pour Canal et membre de la génération Kassovitz, Gans, Noé etc, mais préférons voir le bon côté des choses. Il y a chez lui, comme chez la plupart de ses compagnons et avec des degrés divers de prétention poussant certains droit dans le mur, une forme d’honnêteté dans sa volonté de prendre à bras le corps la série B. D’où, Gardiens de l’ordre, récit d’un tandem de flics (Cécile de France / Fred Testot) embarqué malgré eux dans une fausse bavure les obligeant à régler leurs comptes pour sauver leur peau. Partant d’un pitch simple, quasi minimaliste, à la construction linéaire, le film s’enroule autour de ce scénario pour miser sur une lente descente vers des zones où les frontières vacillent. Ivry Vice
On retrouve bien sûr ici quelques réminiscences du Convoyeur et des obsessions du cinéaste : des personnages a priori banals, dans un corps de métier où la violence est quasi quotidienne ; la dope, motif récurrent et détail utile à jouer des altérations du réel. Car c’est plus encore ce réalisme onirique qui frappe à la vision du film, et qui en fait son intérêt aussi, malgré ses faiblesses de rythme et un manque d’intensité tarissant les enjeux. Si Gardiens de l’ordre n’est pas sans évoquer parfois un épisode de PJ, de par son biotope, ses décors, son folklore judiciaire et ses dialogues un peu tocs, il maintient en contrepartie une jolie ambiance à la lisière du fantastique. Un côté factice, assumé, irriguant chaque image de par ses lumières rasantes, surchargées, stylisées à l’excès. Rien de renversant, il manque à Boukhrief un vrai talent de metteur en scène, mais se déploie ici une forme vaguement expressionniste plutôt séduisante et vénéneuse. Alors après on pourrait tiquer sur Julien Boisselier en bad guy trafiquant de drogue, ou même sur les limites de Fred Testot (pourtant pas mal) et Cécile de France, mais on peut rester aussi tolérant. Si Boukhrief manque de radicalité pour convaincre totalement, son film demeure un objet intriguant et singulier.Gardiens de l'ordre
de Nicolas Boukhrief (Fr, 1h45) avec Cécile de France, Fred Testot...

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