Réservoir à dogs

C’est un Kim Chapiron bien assagi depuis ses primes années d’activité qui se présente à nous pour promouvoir son nouveau long-métrage, Dog Pound. Rencontre. Propos recueillis par FC

Petit Bulletin : Pendant la tournée promo de Sheitan, vous étiez dans une dynamique incontrôlable, vous vous disiez prêt à retourner dans la minute… C’était en 2005, le temps d’attente a été gérable ?
Kim Chapiron : C’est qu’à partir du moment où l’on fait le choix conscient d’écrire soi-même un projet, ça prend du temps. Pour Sheitan par exemple, l’écriture avait commencé en 2000, le tournage en 2003. Sur Dog Pound, le premier contact s’est effectué pendant la promo de Sheitan, donc en fait, il n’y a pas vraiment eu de temps de pause entre les deux. Et en l’occurrence, rien ne se fait non plus en deux secondes ; outre l’année de préparation, il a fallu prendre en compte la difficulté accrue pour monter un tel projet. Convaincre des financiers s’est avéré plus délicat que sur Sheitan, où j’avais la tutelle de Vincent Cassel – tandis que là, le casting est composé de complets inconnus. Dans le cadre de vos premiers films tournés avec Kourtrajmé jusqu’à Sheitan, vous étiez systématiquement entouré de votre famille de cinéma. Là, vous étiez livré à vous-même, quel impact cela a-t-il eu sur votre approche de la réalisation ?
Je pars du principe qu’il faut adapter sa mise en scène par rapport à son sujet, et non l’inverse. Là, il fallait aborder une question extrêmement dure, celle des jeunes détenus. Je les ai rencontrés, j’ai longuement parlé avec eux pour retranscrire au mieux leur réalité. Très vite, il m’est apparu qu’il n’y avait pas besoin de la tornade du collectif, qu’il fallait au contraire prendre le sujet sous un angle très intime.L’une de vos sources d’inspiration, le film Scum d’Alan Clarke, annonçait en filigrane les mouvements sociaux de l’Angleterre des années 80. Selon vous, qu’annonce Dog Pound ?
La seule influence manifeste de Scum dans le film est la scène de la balle aux prisonniers, où chacun choisit son camp en fonction de sa couleur. Je m’en suis tenu là pour ne pas être écrasé par la référence, mais surtout par respect pour les histoires de ces jeunes que je voulais retranscrire – en même temps, le mécanisme de la scène montre à quel point les choses n’ont pas évolué. Malgré les particularismes du système répressif américain, il fait écho au nôtre, on sent qu’il a fait son temps. Les jeunes générations, la nôtre et les suivantes, ont forcément envie de tout péter, même après avoir pris conscience que ça ne résoudrait pas grand-chose…C’est une chance assez inouïe pour un jeune cinéaste français d’avoir autant de libertés lors de son premier tournage aux Etats-Unis…
Oui, en particulier celle d’avoir le final cut ! On a réussi à l’obtenir en mettant en avant la spécificité du projet, qui amenait une sensibilité disons plus “européenne“. Par rapport à mes collègues français, je n’étais pas dans du cinéma d’exploitation pur et dur, même si le film de prison peut être considéré comme un genre à part entière. C’était une production où un regard d’auteur était vraiment nécessaire.

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