De Jia Zhang Ke (Chine, 1h58) documentaire
Issu de la dernière génération de cinéastes chinois, forcément underground et méritante, Jia Zhang Ke s’est formé sur le tas, dans la clandestinité, avant que le régime n’autorise “officiellement“ son travail suite à moult sélections dans des festivals internationaux. De fait, on n’a jamais trop osé élever d’objections sur ses films précédents, reconnaissant même une grande beauté à Still Life et un fond pertinent à son expérimental 24 city. Tout au plus sous-entendait-on que nous avions affaire à du cinéma “exigeant“, à des œuvres “qui se méritent“. Mais là, avec ce documentaire - une commande de la ville de Shanghai en lien avec l’expo universelle de 2010 -, soyons francs : Jia Zhang Ke, quand il veut, peut être très, mais alors très chiant. Ici, il tente de retracer l’histoire de la métropole chinoise à travers 18 témoignages à l’intérêt pour le moins fluctuant, entrecoupés d’inserts où une jeune femme traverse la ville, le tout dans une mise en scène au statisme quasi forcené. I wish I knew demande un effort constant à son public pour ne pas décrocher, au fil d’anecdotes parfois riches de sens (fut-ce au second, troisième ou quatrième degré), parfois charmantes, mais toujours victimes d’un non-rythme oppressant. Et lorsque Jia Zhang Ke décide de rendre hommage à un autre exégète de la lenteur pas toujours signifiante et encore moins justifiée, Hou Hsiao Hsien, le spectateur se retrouve pris dans une spirale de vide vertigineuse. L’espace-temps se fissure et dévoile un abîme dans laquelle on n’a d’autre choix que de basculer, de force. Les plus chanceux s’endormiront, les autres auront un aperçu peu enviable du néant. François Cau
