The Raid

Un Gallois exilé en Indonésie redéfinit avec panache les règles du cinéma d’action : "The Raid" n’a pas d’autre ambition que d’en mettre plein la gueule, mais par la rigueur de son intrigue et de sa mise en scène, procure une sensation d’euphorie qu’on pensait avoir oubliée. Christophe Chabert

Pas besoin d’avoir décroché le Nobel pour résumer The Raid : une bande de flics d’élite veut déloger d’un immeuble transformé en forteresse imprenable un baron de la drogue qui a mis chaque étage en coupe réglée et assure sa protection via deux gardes du corps sans pitié, l’un adepte des armes, l’autre préférant la baston à mains nues. Une exposition éclair et c’est parti pour une heure trente d’action pure, où Gareth Evans va exploiter au maximum les possibilités de son décor labyrinthique mais aussi toutes les formes de combat : d’abord des flingues et des explosifs, puis des armes blanches, et enfin d’homériques dégelées façon free fight, jusqu’à épuisement des forces en présence. Il dédouble l’affaire d’un conflit moral entre deux frères, l’un du côté de la loi, l’autre du côté du crime, faisant de cette opération commando une affaire personnelle autant que policière.

Baston à l’indonésienne

Quoi de neuf dans The Raid ? À proprement parler rien, mais ce n’est manifestement pas l’objectif de Gareth Evans, cinéaste gallois ayant choisi Djakarta comme destination idéale pour faire renaître un cinéma d’exploitation décomplexé, où les coups font mal, le sang gicle et les schémas scénaristiques sont sublimés par l’iconisation des personnages. Comme s’il digérait le meilleur du film d’action de ces trente dernières années (de MacTiernan à John Woo), Evans fonde sa mise en scène sur un retour aux fondamentaux : il refuse le surdécoupage pour privilégier l’impact physique de plans soigneusement chorégraphiés dans le temps et l’espace. Chaque pièce, chaque «niveau» (le boss est tout en haut, il faut donc grimper les étages un par un) sont autant d’environnements auxquels le héros doit s’adapter, preuve de l’influence du jeu vidéo sur le réalisateur. C’est le paradoxe jouissif du film : son programme est évident, son appétit de destruction aussi, mais ce qui l’élève au-dessus des récentes tentatives du genre, c’est sa rigueur et son sérieux. Pas question de déréaliser la violence ou de jouer la carte du film culte avant l’heure. Evans fait patiemment ses preuves, évite les écueils, resserre lentement son récit autour de ses figures les plus fortes, s’autorise quelques morceaux de bravoure et de suspense, avant de s’offrir un spectaculaire feu d’artifice final. En voyant The Raid, on imagine ce qu’ont dû ressentir les spectateurs à l’époque des premiers Bruce Lee : une grande baffe dans la gueule !

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