Rock the casbah

Rock the Casbah (Israël)
de Yariv Horowitz (Fr-Israel, 1h28) avec Yon Tomarkin...

Loin du prêchi-prêcha habituel sur le conflit israélo-palestinien, Yariv Horowitz aborde la question de l’Intifada à travers un pur film de guerre, retenant la leçon de Fuller et Kubrick. Un premier film extrêmement prometteur. Christophe Chabert

Jusqu’ici, le cinéma n’avait abordé la question de la guerre israélo-palestinienne que par le biais de fictions cherchant à compter les points, avant de déclarer le match systématiquement nul, ouvrant les vannes à un discours humaniste lassant. Et quand des cinéastes s’aventuraient dans la description du conflit, c’était plutôt pour en tirer de grands gestes esthétiques (on pense surtout au Beaufort de Joseph Cedar ou au Kippour d’Amos Gitaï).

La première vertu de Rock the casbah est de refuser l’une et l’autre de ces options : avec un style sec et un sens de l’action pas très éloigné d’une Kathryn Bigelow, Yariv Horowitz appelle un chat un chat et un film de guerre un film de guerre. Situé durant la première Intifada, il suit une petite unité de Tsahal chargée de sécuriser la bande de Gaza. Mais celle-ci se retrouve vite retranchée sur le toit d’une maison après la mort d’un des leurs, le temps de retrouver l’auteur de l’attentat. Ces soldats, jeunes et inexpérimentés, trompent leur ennui en écoutant la radio, en s’occupant d’un chien errant, et surtout en tentant de surmonter la tension psychologique qui risque à tout moment de les faire basculer dans la folie.

La guerre, juste la guerre

Horowitz ne cherche jamais à plaquer un discours sur les faits qu’il décrit ; il attend patiemment qu’il surgisse de lui-même par la force de la mise en scène. Celui-ci est valable pour tous les conflits du globe : la violence d’une guerre finit toujours par prendre le pas sur les justifications politiques et idéologiques aux yeux de ceux qui combattent. La leçon de Fuller dans Au-delà de la gloire et de Kubrick dans Full metal jacket a bien été comprise : c’est en collant aux basques des soldats et en circonscrivant l’action dans un présent pur, à la limite de l’abstraction, que l’absurdité des affrontements finit par éclater.

Rock the casbah n’a évidemment pas la maîtrise de ses deux prestigieux modèles, et la réalisation montre parfois les limites d’un budget et d’un tournage visiblement serrés ; mais il témoigne d’une puissance d’immersion assez remarquable pour un premier film. Horowitz sait même placer des moments d’humour noir et de légèreté, sans pour autant diluer le suspense des événements ou la brutalité des séquences les plus dramatiques. C’est ce qui s’appelle la révélation d’un cinéaste.

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