• Choisissez votre ville
    • Lyon
    • Grenoble
    • Saint-Étienne
  • Actu
  • Ecrans
  • Arts
  • Scènes
  • Musiques
  • Connaître
  • Guide Urbain
Skip to content
  • Actus
    ACTUS

    BD : le festival d’Angoulême s’affiche en gare de Grenoble

    Mardi 19 janvier 2021 par Sandy Plas
    Initiatives

    La culture façon puzzle

    Jeudi 14 janvier 2021 par Martin de Kerimel
    Solidarité

    De l’espoir sur les murs !

    Vendredi 8 janvier 2021 par Martin de Kerimel
    Étude et patrimoine

    Portes (r)ouvertes à la bibliothèque

    Vendredi 18 décembre 2020 par Martin de Kerimel
  • Ecrans
    • Trouvez une séance à GRENOBLE
    • Films à l'affiche
    • Salles de cinéma
    • Critiques cinéma
    ECRANS

    Mandibules

    Mardi 8 décembre 2020 par Vincent Raymond
    ECRANS

    Falling

    Mardi 8 décembre 2020 par Vincent Raymond
    ECRANS

    Slalom

    Mardi 8 décembre 2020 par Vincent Raymond
  • Arts
    • Trouvez une expo à GRENOBLE
    • Expositions à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains expositions
    • Votre Week-End
    ARTS

    Fantômes photographiques

    Jeudi 14 janvier 2021 par Benjamin Bardinet
    Insolite

    Clip sur porcelaine

    Vendredi 22 janvier 2021 par Benjamin Bardinet
    ARTS

    Vibrations picturales

    Mardi 8 décembre 2020 par Benjamin Bardinet
  • Scènes
    • Trouvez un spectacle à GRENOBLE
    • Spectacles à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains spectacles
    • Votre Week-End
    Crise du coronavirus

    « Aujourd’hui, nos théâtres sont de grandes gares où les trains restent à quai »

    Vendredi 15 janvier 2021 par Aurélien Martinez
    Humour

    L’amour à la machine féministe

    Mardi 8 décembre 2020 par Aurélien Martinez
    SCENES

    Révolte tous azimuts

    Mardi 8 décembre 2020 par Nadja Pobel
  • Musiques
    • Trouvez un concert à GRENOBLE
    • Concerts à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains concerts
    • Votre Week-End
    Nouvel album

    Marc Di Malta : liberté, humilité, réalité

    Jeudi 21 janvier 2021 par Hugo Verit
    MUSIQUES

    Détours de Babel 2021 : un festival, plusieurs possibilités

    Lundi 18 janvier 2021 par Hugo Verit
    Concert

    Mama Kandy se lance face caméra

    Mercredi 13 janvier 2021 par Martin de Kerimel
  • Connaître
    • Animations à l'affiche aujourd'hui
    • Prochaines animations
    • Votre Week-End
    Sciences

    Objectif Terre

    Lundi 11 janvier 2021 par Martin de Kerimel
    CONNAITRE

    Des femmes au sommet

    Mardi 8 décembre 2020 par Martin de Kerimel
    Événement

    "Livres à vous" s’adapte aux circonstances

    Jeudi 19 novembre 2020 par Martin de Kerimel
  • Guide Urbain
    GUIDE URBAIN

    Le chocolat est toujours là !

    Mardi 8 décembre 2020 par Vincent Raymond
    GUIDE URBAIN

    Exodus Tattoo : l’art du tatouage

    Mardi 20 octobre 2020 par Hugo Verit
    GUIDE URBAIN

    Orangerie de Grenoble : ça avance !

    Mardi 20 octobre 2020 par Martin de Kerimel
    GUIDE URBAIN

    Pop Local, la boutique éphémère grenobloise pour jeunes parents

    Mardi 20 octobre 2020 par Sandy Plas
  • Escapades
  • PLUS +
    • Patrimoine
    • Vidéos
    • Guide Urbain
    • Dossiers
    • Concours
    • Patrimoine
  • RECHERCHE AGENDA
NEWSLETTER

Newsletter Grenoble
Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Grenoble

PUBLICITÉ
LE WEB DES SORTIES
  • Édition de GRENOBLE
  • RECHERCHE AGENDA

  • Actus
    ACTUS

    BD : le festival d’Angoulême s’affiche en gare de Grenoble

    Mardi 19 janvier 2021 par Sandy Plas
    Initiatives

    La culture façon puzzle

    Jeudi 14 janvier 2021 par Martin de Kerimel
    Solidarité

    De l’espoir sur les murs !

    Vendredi 8 janvier 2021 par Martin de Kerimel
    Étude et patrimoine

    Portes (r)ouvertes à la bibliothèque

    Vendredi 18 décembre 2020 par Martin de Kerimel
  • Ecrans
    • Trouvez une séance à GRENOBLE
    • Films à l'affiche
    • Salles de cinéma
    • Critiques cinéma
    ECRANS

    Mandibules

    Mardi 8 décembre 2020 par Vincent Raymond
    ECRANS

    Falling

    Mardi 8 décembre 2020 par Vincent Raymond
    ECRANS

    Slalom

    Mardi 8 décembre 2020 par Vincent Raymond
  • Arts
    • Trouvez une expo à GRENOBLE
    • Expositions à l'affiche aujourd'hui
    • Prochaines expositions
    • Votre Week-End
    ARTS

    Fantômes photographiques

    Jeudi 14 janvier 2021 par Benjamin Bardinet
    Insolite

    Clip sur porcelaine

    Vendredi 22 janvier 2021 par Benjamin Bardinet
    ARTS

    Vibrations picturales

    Mardi 8 décembre 2020 par Benjamin Bardinet
  • Scènes
    • Trouvez un spectacle à GRENOBLE
    • Spectacles à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains spectacles
    • Votre Week-End
    Crise du coronavirus

    « Aujourd’hui, nos théâtres sont de grandes gares où les trains restent à quai »

    Vendredi 15 janvier 2021 par Aurélien Martinez
    Humour

    L’amour à la machine féministe

    Mardi 8 décembre 2020 par Aurélien Martinez
    SCENES

    Révolte tous azimuts

    Mardi 8 décembre 2020 par Nadja Pobel
  • Musiques
    • Trouvez un concert à GRENOBLE
    • Concerts à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains concerts
    • Votre Week-End
    Nouvel album

    Marc Di Malta : liberté, humilité, réalité

    Jeudi 21 janvier 2021 par Hugo Verit
    MUSIQUES

    Détours de Babel 2021 : un festival, plusieurs possibilités

    Lundi 18 janvier 2021 par Hugo Verit
    Concert

    Mama Kandy se lance face caméra

    Mercredi 13 janvier 2021 par Martin de Kerimel
  • Connaître
    • Animations à l'affiche aujourd'hui
    • Prochaines animations
    • Votre Week-End
    Sciences

    Objectif Terre

    Lundi 11 janvier 2021 par Martin de Kerimel
    CONNAITRE

    Des femmes au sommet

    Mardi 8 décembre 2020 par Martin de Kerimel
    Événement

    "Livres à vous" s’adapte aux circonstances

    Jeudi 19 novembre 2020 par Martin de Kerimel
  • Guide Urbain
    GUIDE URBAIN

    Le chocolat est toujours là !

    Mardi 8 décembre 2020 par Vincent Raymond
    GUIDE URBAIN

    Exodus Tattoo : l’art du tatouage

    Mardi 20 octobre 2020 par Hugo Verit
    GUIDE URBAIN

    Orangerie de Grenoble : ça avance !

    Mardi 20 octobre 2020 par Martin de Kerimel
    GUIDE URBAIN

    Pop Local, la boutique éphémère grenobloise pour jeunes parents

    Mardi 20 octobre 2020 par Sandy Plas
  • Escapades
  • Terrasses
  • Vidéos
  • PLUS +
    • Terrasses
    • Vidéos
    • Guide Urbain
    • Dossiers
    • Concours
    • Patrimoine
ECRANS

Cannes, jour 9 : une certaine idée de la langueur

"Nebraska" d’Alexander Payne. "Michael Kohlhaas" d’Arnaud Des Pallières. "Magic Magic" de Sebastian Silva.

ECRANS

Cannes, jour 9 : une certaine idée de la langueur

"Nebraska" d’Alexander Payne. "Michael Kohlhaas" d’Arnaud Des Pallières. "Magic Magic" de Sebastian Silva.

Cannes, jour 9 : une certaine idée de la langueur

par Christophe Chabert

Vendredi 24 mai 2013
2321
LECTURES

par Christophe Chabert

Vendredi 24 mai 2013
2321
LECTURES

Jeudi matin, tout le monde était encore sous le choc de La Vie d’Adèle. Comme pour Holy motors l’an dernier, un film se plaçait soudain au centre de toutes les attentions. Plus encore qu’Holy motors l’an dernier, La Vie d’Adèle rassemblait peu à peu tous les festivaliers, presse, exploitants et finalement public lors d’une ultime projection qui se terminait vers 1 heure du matin par quinze minutes de standing ovation — record cannois en 2013.

Dur dur de passer derrière, et c’est Alexander Payne qui en a fait les frais. Ça aurait pu être pire, car Nebraska est une toute petite chose, un feel good movie qui n’a pas l’ambition de Sideways et de The Descendants — d’ailleurs, Payne, scénariste prodigieux, n’en a pas écrit le script — et qui, du coup, a surtout permis de reprendre son souffle après la déflagration Kechiche.

En scope (comme 80% des films de la compétition cette année) et noir et blanc, Nebraska est un road movie à tendance springsteenienne — qui avait signé un fameux album éponyme — entre un père un peu sénile et passablement alcoolo (le vétéran Bruce Dern) et son fils un pue loser (Will Forte). Ils entreprennent ensemble un voyage à Lincoln car le paternel est persuadé d’avoir gagné un million de dollars. Malgré les suppliques de son entourage lui expliquant qu’il s’agit en fait d’une arnaque classique, il s’obstine et le fiston cède, se disant qu’il n’a rien de mieux à faire que de partager un week-end avec ce père au crépuscule de son existence.

Le film avance avec une nonchalance calculée, faisant une longue halte dans la ville d’enfance du père où il retrouve sa famille, ses anciens amis et son amour de jeunesse. Payne sait exactement quand renverser les clichés, en faisant rejaillir un passé dont on ne parle plus — la guerre de Corée, les rivalités d’amour et d’amitié… Mais il sait aussi, et ce n’est pas à mettre à son crédit, séparer son humanité en deux catégories bien distinctes : les personnages qui ont toute sa sympathie et ceux qu’il charge en en faisant des prototypes grognant de la connerie américaine.

Cette tendance de son cinéma, qu’il avait réussie à calmer après le très misanthrope et ricanant Monsieur Schmidt, revient faire un tour dans Nebraska. Payne n’est pas les frères Coen : il n’a aucune empathie pour les crétins, et il ne sait les mettre en scène que dans une épaisse couche de laideur physique et d’inculture crasse. Ainsi des deux neveux obèses et obsédés par les bagnoles et la vitesse, ou des piliers de bar représentés comme des demeurés hurlant avec la meute ou venant pitoyablement quémander une part du gâteau.

C’est sans doute ce qui empêche Nebraska d’émouvoir vraiment, y compris quand Payne sort les violons dans la dernière ligne droite du récit : quelque chose de fabriqué et de manipulateur, une manière d’énoncer de grandes vérités sentencieuses derrière une petite musique folk a priori sans conséquence.

Vint ensuite le cas Arnaud Des Pallières et son Michael Kohlhaas. Sa présence avait surpris lors de l’annonce de la compétition. Après projection, elle est encore plus inexplicable, tant cette œuvre pour le moins austère ne se laisse pas facilement dompter — si tant est qu’arrivé dans la dernière ligne droite du festival, on soit encore capable du moindre effort pour aller vers les films. La première demi heure notamment est une exposition fastidieuse où, après avoir posé la source du récit — l’injustice faite au marchand de chevaux Michael Kohlhaas — il faut encore le peindre dans son environnement familial avant, enfin, d’en venir au drame proprement dit : l’assassinat de sa femme par un baron, entraînant l’entrée en guerre de Kohlhaas à la tête d’une armée de paysans prêts à rendre aux nobles corrompus la monnaie de leur pièce.

Tiré d’une nouvelle d’Heinrich Von Kleist, le film surprend par son désir de ne tomber ni dans l’académisme européen en costumes, ni dans la radicalité formelle façon Straub. On est très exactement entre les deux, ce qui signe la singularité du projet de Des Pallières, mais aussi sans doute la difficulté de sa réception. Dans sa fameuse première demi heure, la mise en scène est trop amoureuse de ses cadres, de sa reconstitution et de ses décors, oubliant un élémentaire travail rythmique. Il n’est pas rare que le cinéaste laisse une bonne dizaine de secondes silencieuses entre chaque réplique, ou qu’il détaille avec insistance les raisons du conflit. Il faut attendre une magistrale séquence d’attaque à l’arbalète pour que les choix de Des Pallières trouvent enfin leur sens : chorégraphie parfaite du mouvement découpé en une multitude de plans rapprochés qui dessinent en simultané les étapes de l’action.

Ensuite, Michael Kohlhaas se repose à la fois sur sa beauté plastique et sur le charisme de ses acteurs, venant ainsi atténuer l’ascétisme de la mise en scène. Plutôt qu’un jeu blanc à la Bresson, Des Pallières laisse les comédiens empoigner les séquences avec de grandes charges émotionnelles, permettant même, le temps d’un caméo de Sergi Lopez qu’on n’avait pas vu venir, de faire entrer un tout petit peu d’humour dans un film globalement sérieux comme un pape. Le plus beau reste la confrontation entre Mads Mikkelsen, qui incarne Kohlhaas avec beaucoup d’investissement, et un Denis Lavant fabuleux en pasteur émissaire des puissants.

L’autre intérêt de Michael Kohlhaas, c’est la résonance de son discours politique avec les événements contemporains. Kohlhaas réclame la justice les armes à la main, châtiant à la fois les riches mais aussi les brebis galeuses de son armée qui abusent de la situation pour régler quelques comptes. Et lorsqu’il signe une trêve avec ses ennemis, c’est pour réclamer une amnistie qui se transformera vite en marché de dupes. Kohlhaas est un Mélenchon du XVIe siècle, dont le combat prend la forme d’un «Qu’ils s’en aillent tous !» se heurtant à l’inertie structurelle d’une société préservant crânement sa hiérarchie de classes. En tout cas, entre A touch of sin, Borgman et ce Michael Kohlhaas, un très étonnant triptyque sur la lutte armée s’est invité dans la compétition.

Pour finir et clore le chapitre : «le cinéma de genre et Cannes, cette année, ça fait deux», parlons du ratage du jour : Magic Magic de Sebastian Silva. Le réalisateur chilien a embringué dans son nouveau film deux acteurs américains aimés (Juno Temple, très bien, et Michael Cera, très mauvais) pour une variation autour de Polanski, en particulier Rosemary’s baby, Répulsion et Le Locataire, qui suit une troupe de teenagers s’aventurant dans la pampa chilienne direction une maison isolée. Sur place, l’Américaine bon teint du groupe (Temple) glisse peu à peu dans une folie dont on peine à comprendre le motif ou la pathologie : peur du sexe ? Schizophrénie ? Paranoïa ? Faute de choisir, Silva accumule les scènes supposées faire monter la tension et l’étrangeté, mais c’est peine perdue. On a le sentiment d’assister à un film d’horreur sans horreur, où l’événement le plus grave reste le moment où un chien vient frotter son kiki contre la jambe de l’héroïne.

On s’interroge sur les raisons qui ont poussé Edouard Waintrop a accumulé à la Quinzaine des réalisateurs des séries B dépourvues d’intérêt, sinon pour contrecarrer la légende de «Cannes, festival pour cinéphiles intellos»… On se demande surtout si ce n’est pas l’effet inverse qu’il est en train de produire : à chaque projection de ce genre de films de genre, on se sentait doublement épuisés, intellectuellement par autant de vacuité, cinéphiliquement par aussi peu de savoir-faire cinématographique. Et on repensait au Kechiche, du coup…

Jeudi matin, tout le monde était encore sous le choc de La Vie d’Adèle. Comme pour Holy motors l’an dernier, un film se plaçait soudain au centre de toutes les attentions. Plus encore qu’Holy motors l’an dernier, La Vie d’Adèle rassemblait peu à peu tous les festivaliers, presse, exploitants et finalement public lors d’une ultime projection qui se terminait vers 1 heure du matin par quinze minutes de standing ovation — record cannois en 2013.

Dur dur de passer derrière, et c’est Alexander Payne qui en a fait les frais. Ça aurait pu être pire, car Nebraska est une toute petite chose, un feel good movie qui n’a pas l’ambition de Sideways et de The Descendants — d’ailleurs, Payne, scénariste prodigieux, n’en a pas écrit le script — et qui, du coup, a surtout permis de reprendre son souffle après la déflagration Kechiche.

En scope (comme 80% des films de la compétition cette année) et noir et blanc, Nebraska est un road movie à tendance springsteenienne — qui avait signé un fameux album éponyme — entre un père un peu sénile et passablement alcoolo (le vétéran Bruce Dern) et son fils un pue loser (Will Forte). Ils entreprennent ensemble un voyage à Lincoln car le paternel est persuadé d’avoir gagné un million de dollars. Malgré les suppliques de son entourage lui expliquant qu’il s’agit en fait d’une arnaque classique, il s’obstine et le fiston cède, se disant qu’il n’a rien de mieux à faire que de partager un week-end avec ce père au crépuscule de son existence.

Le film avance avec une nonchalance calculée, faisant une longue halte dans la ville d’enfance du père où il retrouve sa famille, ses anciens amis et son amour de jeunesse. Payne sait exactement quand renverser les clichés, en faisant rejaillir un passé dont on ne parle plus — la guerre de Corée, les rivalités d’amour et d’amitié… Mais il sait aussi, et ce n’est pas à mettre à son crédit, séparer son humanité en deux catégories bien distinctes : les personnages qui ont toute sa sympathie et ceux qu’il charge en en faisant des prototypes grognant de la connerie américaine.

Cette tendance de son cinéma, qu’il avait réussie à calmer après le très misanthrope et ricanant Monsieur Schmidt, revient faire un tour dans Nebraska. Payne n’est pas les frères Coen : il n’a aucune empathie pour les crétins, et il ne sait les mettre en scène que dans une épaisse couche de laideur physique et d’inculture crasse. Ainsi des deux neveux obèses et obsédés par les bagnoles et la vitesse, ou des piliers de bar représentés comme des demeurés hurlant avec la meute ou venant pitoyablement quémander une part du gâteau.

C’est sans doute ce qui empêche Nebraska d’émouvoir vraiment, y compris quand Payne sort les violons dans la dernière ligne droite du récit : quelque chose de fabriqué et de manipulateur, une manière d’énoncer de grandes vérités sentencieuses derrière une petite musique folk a priori sans conséquence.

Vint ensuite le cas Arnaud Des Pallières et son Michael Kohlhaas. Sa présence avait surpris lors de l’annonce de la compétition. Après projection, elle est encore plus inexplicable, tant cette œuvre pour le moins austère ne se laisse pas facilement dompter — si tant est qu’arrivé dans la dernière ligne droite du festival, on soit encore capable du moindre effort pour aller vers les films. La première demi heure notamment est une exposition fastidieuse où, après avoir posé la source du récit — l’injustice faite au marchand de chevaux Michael Kohlhaas — il faut encore le peindre dans son environnement familial avant, enfin, d’en venir au drame proprement dit : l’assassinat de sa femme par un baron, entraînant l’entrée en guerre de Kohlhaas à la tête d’une armée de paysans prêts à rendre aux nobles corrompus la monnaie de leur pièce.

Tiré d’une nouvelle d’Heinrich Von Kleist, le film surprend par son désir de ne tomber ni dans l’académisme européen en costumes, ni dans la radicalité formelle façon Straub. On est très exactement entre les deux, ce qui signe la singularité du projet de Des Pallières, mais aussi sans doute la difficulté de sa réception. Dans sa fameuse première demi heure, la mise en scène est trop amoureuse de ses cadres, de sa reconstitution et de ses décors, oubliant un élémentaire travail rythmique. Il n’est pas rare que le cinéaste laisse une bonne dizaine de secondes silencieuses entre chaque réplique, ou qu’il détaille avec insistance les raisons du conflit. Il faut attendre une magistrale séquence d’attaque à l’arbalète pour que les choix de Des Pallières trouvent enfin leur sens : chorégraphie parfaite du mouvement découpé en une multitude de plans rapprochés qui dessinent en simultané les étapes de l’action.

Ensuite, Michael Kohlhaas se repose à la fois sur sa beauté plastique et sur le charisme de ses acteurs, venant ainsi atténuer l’ascétisme de la mise en scène. Plutôt qu’un jeu blanc à la Bresson, Des Pallières laisse les comédiens empoigner les séquences avec de grandes charges émotionnelles, permettant même, le temps d’un caméo de Sergi Lopez qu’on n’avait pas vu venir, de faire entrer un tout petit peu d’humour dans un film globalement sérieux comme un pape. Le plus beau reste la confrontation entre Mads Mikkelsen, qui incarne Kohlhaas avec beaucoup d’investissement, et un Denis Lavant fabuleux en pasteur émissaire des puissants.

L’autre intérêt de Michael Kohlhaas, c’est la résonance de son discours politique avec les événements contemporains. Kohlhaas réclame la justice les armes à la main, châtiant à la fois les riches mais aussi les brebis galeuses de son armée qui abusent de la situation pour régler quelques comptes. Et lorsqu’il signe une trêve avec ses ennemis, c’est pour réclamer une amnistie qui se transformera vite en marché de dupes. Kohlhaas est un Mélenchon du XVIe siècle, dont le combat prend la forme d’un «Qu’ils s’en aillent tous !» se heurtant à l’inertie structurelle d’une société préservant crânement sa hiérarchie de classes. En tout cas, entre A touch of sin, Borgman et ce Michael Kohlhaas, un très étonnant triptyque sur la lutte armée s’est invité dans la compétition.

Pour finir et clore le chapitre : «le cinéma de genre et Cannes, cette année, ça fait deux», parlons du ratage du jour : Magic Magic de Sebastian Silva. Le réalisateur chilien a embringué dans son nouveau film deux acteurs américains aimés (Juno Temple, très bien, et Michael Cera, très mauvais) pour une variation autour de Polanski, en particulier Rosemary’s baby, Répulsion et Le Locataire, qui suit une troupe de teenagers s’aventurant dans la pampa chilienne direction une maison isolée. Sur place, l’Américaine bon teint du groupe (Temple) glisse peu à peu dans une folie dont on peine à comprendre le motif ou la pathologie : peur du sexe ? Schizophrénie ? Paranoïa ? Faute de choisir, Silva accumule les scènes supposées faire monter la tension et l’étrangeté, mais c’est peine perdue. On a le sentiment d’assister à un film d’horreur sans horreur, où l’événement le plus grave reste le moment où un chien vient frotter son kiki contre la jambe de l’héroïne.

On s’interroge sur les raisons qui ont poussé Edouard Waintrop a accumulé à la Quinzaine des réalisateurs des séries B dépourvues d’intérêt, sinon pour contrecarrer la légende de «Cannes, festival pour cinéphiles intellos»… On se demande surtout si ce n’est pas l’effet inverse qu’il est en train de produire : à chaque projection de ce genre de films de genre, on se sentait doublement épuisés, intellectuellement par autant de vacuité, cinéphiliquement par aussi peu de savoir-faire cinématographique. Et on repensait au Kechiche, du coup…

Partager Twitter

pour aller plus loin

Arnaud de Pallières : « Je me suis laissé envahir par mon personnage »

Arnaud de Pallières : « Je me suis laissé envahir par mon personnage »

ECRANS par Vincent Raymond le Mardi 28 mars 2017 | Quatre ans après "Michael Kohlhaas", Arnaud des Pallières revient avec "Orpheline". Et traite toujours de l’injustice, en épousant à nouveau le regard d’une (...)

Arnaud de Pallières : « Je me suis laissé envahir par mon personnage »

ECRANS par Vincent Raymond le Mardi 28 mars 2017 | Quatre ans après "Michael Kohlhaas", Arnaud des Pallières revient avec "Orpheline". Et traite toujours de l’injustice, en épousant à nouveau le regard d’une (...)

Nebraska

Nebraska

ECRANS par Christophe Chabert le Mardi 1 avril 2014 | D’Alexander Payne (ÉU, 1h55) avec Bruce Dern, Will Forte… (...)

Nebraska

ECRANS par Christophe Chabert le Mardi 1 avril 2014 | D’Alexander Payne (ÉU, 1h55) avec Bruce Dern, Will Forte… (...)

Magic Magic

Magic Magic

ECRANS par Christophe Chabert le Mercredi 10 juillet 2013 | De Sebastián Silva (ÉU, 1h37) avec Juno Temple, Michael Cera… (...)

Magic Magic

ECRANS par Christophe Chabert le Mercredi 10 juillet 2013 | De Sebastián Silva (ÉU, 1h37) avec Juno Temple, Michael Cera… (...)

Michael Kohlhaas

Michael Kohlhaas

ECRANS par Christophe Chabert le Mercredi 10 juillet 2013 | Film difficile, qui cherche une voie moyenne entre l’académisme costumé et l’épure, cette adaptation de l'écrivain allemand Kleist par Arnaud Des Pallières (...)

Michael Kohlhaas

ECRANS par Christophe Chabert le Mercredi 10 juillet 2013 | Film difficile, qui cherche une voie moyenne entre l’académisme costumé et l’épure, cette adaptation de l'écrivain allemand Kleist par Arnaud Des Pallières (...)

Cannes, à la Vie, à l’amour…

Cannes, à la Vie, à l’amour…

ECRANS par Christophe Chabert le Lundi 27 mai 2013 | En couronnant "La Vie d’Adèle" d’Abdellatif Kechiche, incontestablement le meilleur film de la compétition, Steven Spielberg et son jury ont posé un beau (...)

Cannes, à la Vie, à l’amour…

ECRANS par Christophe Chabert le Lundi 27 mai 2013 | En couronnant "La Vie d’Adèle" d’Abdellatif Kechiche, incontestablement le meilleur film de la compétition, Steven Spielberg et son jury ont posé un beau (...)

Cannes, jour 10 : bouquet final

Cannes, jour 10 : bouquet final

ECRANS par Christophe Chabert le Samedi 25 mai 2013 | "The Immigrant" de James Gray. "Only lovers left alive" de Jim Jarmusch. "La Vénus à la fourrure" de Roman Polanski. (...)

Cannes, jour 10 : bouquet final

ECRANS par Christophe Chabert le Samedi 25 mai 2013 | "The Immigrant" de James Gray. "Only lovers left alive" de Jim Jarmusch. "La Vénus à la fourrure" de Roman Polanski. (...)

Cannes, jour 8 : amour (encore)

Cannes, jour 8 : amour (encore)

ECRANS par Christophe Chabert le Vendredi 24 mai 2013 | "All is lost" de J.C. Chandor. "La Vie d’Adèle" d’Abdellatif Kechiche (...)

Cannes, jour 8 : amour (encore)

ECRANS par Christophe Chabert le Vendredi 24 mai 2013 | "All is lost" de J.C. Chandor. "La Vie d’Adèle" d’Abdellatif Kechiche (...)

Cannes, jour 7 : le Queer lui va si bien…

Cannes, jour 7 : le Queer lui va si bien…

ECRANS par Christophe Chabert le Jeudi 23 mai 2013 | "Behind the candelabra" de Steven Soderbergh. "As I lay dying" de James Franco. "Grigris" de Mahamat Saleh Haroun. "Les Salauds" de Claire Denis. (...)

Cannes, jour 7 : le Queer lui va si bien…

ECRANS par Christophe Chabert le Jeudi 23 mai 2013 | "Behind the candelabra" de Steven Soderbergh. "As I lay dying" de James Franco. "Grigris" de Mahamat Saleh Haroun. "Les Salauds" de Claire Denis. (...)

Cannes, jours 5 et 6 : mauvais genres

Cannes, jours 5 et 6 : mauvais genres

ECRANS par Christophe Chabert le Mardi 21 mai 2013 | "Shield of straw" de Takashi Miike. "The Last days on mars" de Ruairí Robinson. "Blue Ruin" de Jeremy Saulnier. "Borgman" d’Alex Van Warmerdam. (...)

Cannes, jours 5 et 6 : mauvais genres

ECRANS par Christophe Chabert le Mardi 21 mai 2013 | "Shield of straw" de Takashi Miike. "The Last days on mars" de Ruairí Robinson. "Blue Ruin" de Jeremy Saulnier. "Borgman" d’Alex Van Warmerdam. (...)

Cannes, jour 4 : psy-folk

Cannes, jour 4 : psy-folk

ECRANS par Christophe Chabert le Dimanche 19 mai 2013 | "Grand central" de Rebecca Zlotowski. "Jimmy P." d’Arnaud Desplechin. "Inside Llewin Davis" de Joel et Ethan Coen. (...)

Cannes, jour 4 : psy-folk

ECRANS par Christophe Chabert le Dimanche 19 mai 2013 | "Grand central" de Rebecca Zlotowski. "Jimmy P." d’Arnaud Desplechin. "Inside Llewin Davis" de Joel et Ethan Coen. (...)

  • Tags
  •   Cannes+2013
  •   Michael+Kohlhaas
  •   Nebraska
  •   Magic+Magic
Article précédent

Accros au vinyl

Article précédent

Accros au vinyl

Article suivant

Cannes, jour 10 : bouquet final

Article suivant

Cannes, jour 10 : bouquet final

 

Cinéma

trouvez une séance près de chez vous

je lance ma recherche !

BONS PLANS & CONCOURS

Gagnez des places de cinéma, de concerts, et des invitations aux spectacles

Tentez votre chance

Recherchez un article

Search for:

LE FILM DE LA SEMAINE

Petit Bulletin


Edité à 35 000 exemplaires à Grenoble le Petit Bulletin est distribué gratuitement et en libre service tous les mercredis dans 1 000 points.
Le Petit Bulletin est édité par le Groupe Unagi.



Lisez le n°1169 en PDF
VOIR NOS ARCHIVES


Lisez le Panorama en PDF

Liens Utiles

  • Qui sommes nous ?
    Envoyez un programme
    Archives du journal
    Diffusion
    Recrutement
    Coordonnées
    Publicité
    Articles partenaires

Partenaires

  • Groupe Unagi
    Spot
    Hétéroclite
    Les Idées Restos
    Cours et Stages à grenoble
    Diffusion Active
    Agence Tintamarre
    IF

Contact

  • Le Petit Bulletin 12 , rue Ampère
    38 000 Grenoble
    Tel : 04 76 84 44 60
    Fax : 04 76 21 25 11
    Tous les contacts sur cette page
Copyright Le Petit Bulletin 2021 | Tous droits réservés.

Articles : Dossiers | Concours | Entretiens et portraits | News | Critiques cinéma | Vidéos

Agenda films : à l'affiche aujourd'hui | Sorties de la semaine | Sorties de la semaine prochaine | Tous les films | Festivals | Salles de cinéma