No pain no gain

No pain no gain
De Michael Bay (ÉU, 2h10) avec Mark Wahlberg, Dwayne Johnson...

Le style, vulgaire et rutilant, de Michael Bay trouve, avec cette farce noire sur trois abrutis bodybuildés engagés dans une crapuleuse révision du rêve américain, un sens nouveau et inattendu. Christophe Chabert

Il y a deux manières de critiquer la connerie au cinéma : la première consiste à se mettre en surplomb pour s’en gausser, en sous-entendant que l’intelligence est évidemment derrière la caméra ; la seconde, plus retorse, cherche à descendre au niveau de cette connerie et d’en épouser la logique, jusqu’à la faire déborder, produisant de fait une distance entre le spectateur et le spectacle. C’est la méthode du cinéaste Verhoeven, dont Harmony Korine a offert une variation remarquable avec son Spring Breakers cette année. On n’aurait jamais pensé qu’un jour Michael Bay, ambassadeur du blockbuster décérébré et épileptique, s’inscrirait dans cette lignée-là ; c’est pourtant presque ce qui arrive avec No pain no gain, même si Bay tente aussi, et c’est la limite de son film, de jouer sur les deux tableaux.

Inspiré d’un fait-divers à peine croyable, No pain no gain montre comment un pauvre type (Mark Wahlberg), ancien escroc devenu moniteur de bodybuilding, va s’associer à deux autres culturistes, un black ayant abusé des stéroïdes au point de perdre sa virilité, et un ex-taulard viré fou de Dieu à sa sortie de prison (Dwayne «The Rock» Johnson, sacré acteur comique, on ne le dira jamais assez). Ensemble, ils kidnappent un juif grande gueule pour lui extorquer son business, sa villa et sa fortune.

Cons et dangereux

Bay s’immerge totalement dans l’environnement qui a produit ce ramassis de blaireaux : Miami, son culte du corps parfait et de l’argent roi. Dire qu’il calque sa mise en scène sur ce concentré de vulgarité n’est pas tout à fait exact : le style Bay est là, montage hystérique, effets clippés, techno dégueu et bimbos siliconées déambulant en string au ralenti, mais il fait cette fois sens par rapport à son sujet. L’idée de doter les personnages principaux d’une voix-off où ils énoncent leur vision complètement déformée du rêve américain est brillante : jamais le cinéaste n’a besoin d’en rajouter dans la moquerie, l’idiotie profonde des protagonistes saute aux yeux, et devient insoutenable au fur et à mesure où ils vasouillent leur plan, persuadés de rendre service à l’Amérique en la débarrassant d’un de ses nuisibles.

Il manque toutefois à No pain no gain ce minimum de rigueur dans le chaos qui permettrait de savoir exactement où Bay se situe au milieu de ce jeu de massacre. Qu’il ait besoin d’en passer par un personnage d’ex-flic devenu par ennui détective privé pour énoncer la morale de sa fable montre que l’absence de subtilité du film est à la fois sa force mais aussi son point faible.

No pain no gain
De Michael Bay (ÉU, 2h12) avec Mark Wahlberg, Dwayne Johnson, Tony Shalhoub…

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