"Les Tueurs de la lune de miel", la passion du crime

C’est un des films les plus mystérieux de l’histoire du cinéma ; en effet, Les Tueurs de la lune de miel est resté pour un nombre incalculable de raisons comme un objet singulier, qui a suscité une dévotion fanatique chez des spectateurs l’ayant élu comme une œuvre culte. La singularité, c’est d’abord celle de son auteur, Leonard Kastle. Disparu il y a trois ans, Kastle est le cinéaste de ce seul film, le reste de sa carrière étant consacré à son activité de musicien, metteur en scène et librettiste d’opéra.

La maîtrise et l’inspiration qui irriguent Les Tueurs de la lune de miel est donc assez folle, le coup d’essai se transformant en coup de maître sans postérité. S’emparant d’un fait-divers qui avait fasciné l’Amérique – un couple commet une série d’assassinats cupides sur des femmes trouvées par petites annonces –, Kastle l’emmène vers des sommets de romantisme noir, ne cachant ni les rapports de dépendance entre les deux amants, ni la violence de leurs actes.

Le casting est l’autre grande idée du film : d’un côté, Tony Lo Bianco, latin lover dont la séduction est déjà un peu en charpie, de l’autre Shirley Stoller, infirmière en surpoids tellement accrochée à son homme, pourtant volage, qu’elle devient par jalousie autant que par intérêt la zélée exécutrice de ses noirs desseins. Là encore, les deux comédiens ne profiteront guère de leurs prestations pourtant remarquables dans ce chef-d’œuvre : Lo Bianco ne connaîtra qu’un seul autre grand rôle dans Meurtres sous contrôle de Larry Cohen, et Stoller disparaîtra des radars, malgré une notable participation à Voyage au bout de l’enfer, où elle joue la mère de John Savage.

Les Tueurs de la lune de miel
De Leonard Kastle (1969, ÉU, 1h55) avec Tony Lo Bianco, Shirley Stoller…
Mercredi 9 octobre à 20h, au CCC