"Pride" : tous ensemble, tous ensemble, ouais

Pride
De Matthew Warchus (Ang, 1h57) avec Bill Nighy, Imelda Staunton, Dominic West…

Des militants gays londoniens viennent en aide à des mineurs gallois en grève au nom d’une lutte commune contre le thatchérisme : un plaisant "feel good movie" social confectionné avec un savoir-faire tout british par Matthew Warchus. Christophe Chabert

La recette est connue, mais force est de constater que les Anglais la réussissent à tous les coups : un sujet social, une galerie de personnages parfaitement dessinés, une pincée d’humour, la caution "d’après une histoire vraie"… De The Full Monty à Good morning England, c’est un art du "feel good movie" bien rodé qui s’appuie à la fois sur son sens du storytelling, de l’identification du spectateur et sur un sujet qui parvient toujours à trouver une issue fédératrice.

Pride ne fait pas exception à la règle, même s’il prend appui sur un double clivage : d’un côté, les homosexuels qui défilent pendant la gay pride et de l’autre, la police thatchérienne qui les regarde avec mépris et suspicion. Nous sommes à l’été 1984, mais les flics ont d’autres chats à fouetter, ou plutôt d’autres militants à réprimer : les mineurs en grève contre les lois libérales de la Dame de fer. Pour faire fonctionner la convergence des luttes, une petite fraction de gays et de lesbiennes décident de collecter des fonds au sein de la communauté pour venir en aide aux grévistes…

Cependant, leur syndicat s’avère plutôt embarrassé par ce soutien "contre nature". Qu’importe ! Après avoir choisi un bled au hasard, les voilà qui débarquent dans le très rustre Pays de Galles, prêts à affronter un choc culturel.

Britannique Thatcher !

Pride ne lésine pas, au départ, sur la caractérisation : côté gays, Mark, le leader utopiste et exalté, Jonathan, l’acteur exubérant et séropositif, son compagnon Mike, libraire introverti ou John, l’ado qui fait le mur et cache à ses parents cathos son homosexualité ; côté mineurs, le chef de file ouvert et conciliant, la vieille dame progressiste, le bibliothécaire obséquieux et vieux garçon, la mère de famille homophobe et ses deux fils prêts à casser du pédé… Ce panel-là est l’occasion d’un véritable best of des comédiens britanniques, tous excellents, les vieux briscards (Paddy Considine, Bill Nighy, Imelda Staunton) comme les nouveaux venus – excellent Ben Schnetzer dans le rôle de Mark.

Si le scénario s’emploie à faire voler joyeusement en éclats les préjugés au même rythme que la bande-son fait défiler les tubes crypto-gays de l’époque, une certaine amertume pointe à l’horizon des deux côtés de la lutte : ravages du sida côté gay, intransigeance de Thatcher côté mineurs. Cette pointe de noirceur est vite diluée dans un final euphorisant qui résume bien l’efficacité émotionnelle de ce petit film réjouissant.

Pride
De Matthew Warchus (Ang, 1h57) avec Paddy Considine, Imelda Staunton, Ben Schnetzer, Bill Nighy…

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