The Go-Go Boys

Pour le cinéphile né aux alentours des années 80, les noms de Menahem Golan et Yoram Globus, ainsi que celui de leur société de production Cannon films, font figure de sésame ouvre-toi d’un certain cinéma bis. Le documentaire, passionnant, d’Hilla Medalia relate d’abord le passé de ces deux Israéliens décidés à conquérir le monde du cinéma : Golan, cinéaste et producteur de grands succès dans son pays, s’associe avec son cousin germain Globus, doué pour le business. Ils partent ensemble pour Hollywood sans le sou (à l’époque, on ne pouvait faire rentrer des devises étrangères aux États-Unis) et, après quelques déconvenues, touchent le jackpot grâce à un film sur le break tourné et monté en quelques semaines.

Ils inventent ensuite un véritable modèle économique : du cinéma d’exploitation à tout petit budget agressivement marketé, avec des films pré-vendus partout dans le monde avant même leur tournage ! Soucieux de déborder leur image de producteurs de navets, Golan et Globus se retrouvent à produire Godard, Altman, Kontchalovsky et Cassavetes, leur laissant une totale liberté artistique. Plus dure sera la chute, cependant : après la faillite de Cannon, Golan retourne en Israël et Globus se retrouve mêlé à l’imbroglio autour du rachat de la MGM.

Cet itinéraire, qui pourrait prêter au ricanement, est traité au contraire avec une grande sincérité dans The Go-Go Boys. S’y dessine un beau portrait du duo : Golan, l’enthousiaste candide et Globus, le cynique mercantile. Depuis, Golan a passé l’arme à gauche ; cela ne fait que rendre le film plus émouvant encore.

Christophe Chabert

Sortie le 22 octobre