«Un style gothique, british, façon Hammer»

Fièvre (Horsehead)
De Romain Basset (Fr, 1h29) avec Lilly-Fleur Pointeaux, Gala Besson, Catriona MacColl...

Entretien avec Romain Basset, réalisateur de "Horsehead", tentative de film d’horreur onirique et symbolique made in France, en compétition au festival des Maudits films. Propos recueillis par Christophe Chabert

Pouvez-vous nous raconter la production, difficile, de Horsehead ?

Romain Basset : Ça n’a pas arrêté d’évoluer. En 2011, je me suis rendu compte que ça ne servait à rien de faire encore un court de dix minutes, et qu’il suffisait de quelques jours de plus pour aboutir à un long. On a fait un Kiss Kiss Bank Bank [sorte de financement collaboratif – NDLR] pour lancer la machine, ce qui nous a permis de constater qu’il y avait un public pour ce style de films de genre. Après, j’ai fait la tournée des producteurs de genre, et je suis arrivé à la conclusion que le mieux, c’était de le produire nous-mêmes. Mon ambition a toutefois été plus grosse que mes moyens, et on a vite senti qu’on n’arriverait pas à boucler le film en une seule session de tournage, même si on a redoublé d’efforts, comme tourner dans quatre décors différents en une seule nuit ! En 2012, le film n’était pas terminé, et on a donc monté un teaser qu’on est allé présenter aux régions, aux distributeurs et aux chaînes de télé. Malgré l’enthousiasme des gens, personne ne voulait prendre de risques et ils préféraient attendre un produit fini. On avait commencé hors du système, donc il était difficile de revenir dedans. Jusqu’au jour de l’an 2013, où j’ai rencontré Arnaud Grunberg de Starfix Productions, qui m’a permis de finir le tournage en octobre 2013, et la post-production en juillet 2014.

Qu’est-ce qui est le plus dur ? Tourner en indépendant ou faire un film de genre en France ?

L’indépendance est une gageure en soi, mais pour un film de genre, ça l’est encore plus. Ce nouveau système de production ne se met en place réellement qu’aujourd’hui : les chaînes commencent à accepter l’idée de "Direct To Video", ou de films produits pour des plateformes de VOD comme Netflix ou CanalPlay. La salle aujourd’hui ne conditionne plus la confection d’un film, et quand des films de genre sortent, leurs résultats sont dérisoires, comme par exemple pour Alleluia de Fabrice Du Welz, pourtant primé dans tous les festivals où il a été présenté…

Vous avez choisi de tourner Horsehead en Anglais. Pourquoi ?

C’est sans doute la décision que je regrette le plus… On me l’a reproché en France, où on m’a taxé d’opportunisme, mais aussi aux États-Unis, où ils ont trouvé cela moins sexy que le reste de la "french new wave" des films d’horreur. Quand j’ai conçu Horsehead, je voulais que le film existe aussi pour un public international. Je voulais un style gothique, british, façon Hammer [société de production britannique – NDLR], et je voulais que des acteurs comme Murray Head ou Catriona MacColl puisse tourner dans leur lange d’origine. Enfin, j’ai un problème avec les films de genre tournés en français, dont les dialogues sonnent souvent faux.

Horsehead
Mercredi 21 octobre à 18h, à la salle Juliet Berto, dans le cadre des Maudits films

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