Le Souffle

Le Souffle
D'Alexander Kott (Russ, 1h35) avec Elena An, Karim Pakachakov...

Pas de dialogue, des images fulgurantes de beauté et une intrigue minimale et mystérieuse : une œuvre étrange à la conclusion démente.

Face au Souffle, on pense spontanément à un autre film venu de l’Est : La Terre éphémère, sorti en fin d’année dernière et hélas trop peu vu. Alexander Kott, comme George Ovashvili, situe son film dans un bout de terre abandonnée (une maison branlante, un arbre, un lit qui sert de banc et le désert partout autour) où vivent un père et sa fille, très belle et saisie à l’âge de ses premiers émois. Deux garçons lui tournent autour, un Kazakh et un Russe, et de mystérieux militaires font irruption dans ce no man’s land sans qu’on sache précisément pourquoi.

La comparaison ne s’arrête pas à l’intrigue : elle est aussi dans le dispositif formel, où l’absence totale de dialogues et le choix d’une sidération visuelle permanente s’équilibrent constamment. De chaque plan émane une spectaculaire beauté, la lumière, les compositions et les positions des acteurs créant une harmonie absolue.

Il y a bien sûr un risque, que La Terre éphémère contournait par un sens solide de la dramaturgie : celui de tomber dans l’exercice de style contemplatif, de compiler les images plutôt que de les ordonner dans un véritable récit. Kott l’assume, se reposant sur les éléments d’étrangeté dont il parsème son film pour maintenir l’attention du spectateur. Celui-ci sera récompensé dans les cinq dernières minutes : cette conclusion démente propulse Le Souffle vers des hauteurs insoupçonnées, lui donnant d’un seul coup l’ampleur dont il manquait jusqu’ici.

Christophe Chabert

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