"X-Men : Dark Phoenix" : 50 nuances de Grey
ECRANS par Vincent Raymond le Mercredi 5 juin 2019 | De Simon Kinberg (ÉU, 1h40) avec James McAvoy, Sophie Turner, Michael Fassbender… (...)
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Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Grenoble
Lorsqu’une franchise achemine sur les écrans son huitième opus en seize années d’existence, le plus docile et bienveillant des spectateurs est fondé à émettre quelques inquiétudes quant à la pertinence du film. Heureusement, il existe des exceptions ; des sagas parvenant à coups de rebondissements intrinsèques à dépasser le stade de la “suite” et de la resucée, sachant se réinventer ou créer une singularité – James Bond en est un parangon.
Dans le vaste univers Marvel (en expansion continue), la tradition (du tiroir-caisse) impose à une série de se développer par ramifications autour de ses personnages-phares, puis de faire tabula rasa en lançant un reboot… tout en s’affadissant. Sauf pour X-Men, îlot d’exception dans un océan tanguant vers les rivages du morne ordinaire. Oh, cela ne signifie pas que l’ensemble de l’octalogie mérite d’être portée aux nues (un ventre mou modelé par Brett Rattner et Gavin Hood la plombe), mais elle présente, outre sa remarquable longévité, une capacité à absorber ses propres spin-off (Wolverine) et reboots (Days of Future Past) pour les fondre dans une masse paradoxalement homogène.
Et si, face à X-Men : Apocalypse, on a l’impression d’une continuité qualitative, d’une réelle cohérence artistique, c’est sans doute parce qu’il y a au scénario et derrière la caméra celui qui officiait déjà au lancement du premier volet en 2000, Bryan Singer.
Loin de considérer les X-Men comme un filon d’adamantium s’exploitant jusqu’à épuisement, le cinéaste a pensé en profondeur la franchise. Depuis qu’il l’a reprise en mains en 2011 en co-écrivant et produisant X-Men : Le Commencement, il accomplit ce que Richard Donner, Tim Burton ou Sam Raimi ont fait avec Superman, Batman et Spider-Man avant lui : percevoir dans les super-héros autre chose que des gens en collants, dont les aventures pouvaient inspirer un matériau narratif audiovisuel en rupture avec le tout-venant, mais sans tout sacrifier au spectaculaire pur. Une authentique vision de réalisateur, hélas trop peu partagée.
Pour s’en convaincre, il suffit de comparer ce X-Men avec une autre adaptation de comics Marvel sortie il y a peu, l’épouvantable Captain America : Civil War de Anthony et Joe Russo. Semblant suivre la doctrine Michael “Transformers” Bay, les deux abominables précités privilégient des enchaînements de combats interminables et des punchlines faisandées, au détriment d’une intrigue solide. Tourné pour Disney, désormais propriétaire de la marque Marvel, leur film n’arrive pas au pneu du Professeur Xavier – lequel, avec les X-Men, résiste encore (pour combien de temps) chez Fox à l’irrésistible et inéluctable absorption par la firme de Burbank. Même Sony a dû se résoudre à laisser filer son tisseur de toiles pour une apparition en forme d’énième reboot (dans Captain America, justement) qui crétinise le personnage en le renfermant dans une sphère régressive.
A contrario, Singer s’applique à déniaiser ses héros, en les plaçant face à une conception du monde plus abrupte. Il creuse leurs failles ; va rechercher l’humain dans les mutants plutôt qu’érotiser à outrance la démonstration de leurs pouvoirs hors normes. Magnéto et Xavier vont souffrir, (re)vivre des traumatismes, éprouver l’injustice de la perte pour apprendre à la surmonter – les Avengers ne sont pas près d’arriver à ce degré de subtilité philosophique, trop occupés à se mettre des peignées surhumaines.
Le mutant chez Singer n’a pas uniquement à se placer face au non-mutant : il doit se positionner en fonction de sa conscience et de son passé, dans l’épaisseur de son être. Son rapport au temps, à la mise en perspective de l’Histoire (et de sa propre histoire), constitue la base de la seconde trilogie X-Men. Singer continue à s’inspirer de la chronologie humaine pour étayer son uchronie mutante, trouvant dans chaque fait avéré un interstice permettant de poursuivre son récit parallèle avec une certaine logique : ici, après l’évocation de la Seconde Guerre mondiale et celle du Viêt Nam, c’est au tour de la Guerre des Étoiles (correspondant à la période de tension maximale entre les États-Unis et l’URSS en 1984) de servir de toile de fond.
Collant à ce point à notre réalité, Singer insiste pour lier les mutants à la communauté humaine, les intégrant de fait, abolissant donc toute déification de ses héros. Là encore, il demeure bien le seul dans sa catégorie…
X-Men : Apocalypse de Bryan Singer (E.-U., 2h23) James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence…
Lorsqu’une franchise achemine sur les écrans son huitième opus en seize années d’existence, le plus docile et bienveillant des spectateurs est fondé à émettre quelques inquiétudes quant à la pertinence du film. Heureusement, il existe des exceptions ; des sagas parvenant à coups de rebondissements intrinsèques à dépasser le stade de la “suite” et de la resucée, sachant se réinventer ou créer une singularité – James Bond en est un parangon.
Dans le vaste univers Marvel (en expansion continue), la tradition (du tiroir-caisse) impose à une série de se développer par ramifications autour de ses personnages-phares, puis de faire tabula rasa en lançant un reboot… tout en s’affadissant. Sauf pour X-Men, îlot d’exception dans un océan tanguant vers les rivages du morne ordinaire. Oh, cela ne signifie pas que l’ensemble de l’octalogie mérite d’être portée aux nues (un ventre mou modelé par Brett Rattner et Gavin Hood la plombe), mais elle présente, outre sa remarquable longévité, une capacité à absorber ses propres spin-off (Wolverine) et reboots (Days of Future Past) pour les fondre dans une masse paradoxalement homogène.
Et si, face à X-Men : Apocalypse, on a l’impression d’une continuité qualitative, d’une réelle cohérence artistique, c’est sans doute parce qu’il y a au scénario et derrière la caméra celui qui officiait déjà au lancement du premier volet en 2000, Bryan Singer.
Loin de considérer les X-Men comme un filon d’adamantium s’exploitant jusqu’à épuisement, le cinéaste a pensé en profondeur la franchise. Depuis qu’il l’a reprise en mains en 2011 en co-écrivant et produisant X-Men : Le Commencement, il accomplit ce que Richard Donner, Tim Burton ou Sam Raimi ont fait avec Superman, Batman et Spider-Man avant lui : percevoir dans les super-héros autre chose que des gens en collants, dont les aventures pouvaient inspirer un matériau narratif audiovisuel en rupture avec le tout-venant, mais sans tout sacrifier au spectaculaire pur. Une authentique vision de réalisateur, hélas trop peu partagée.
Pour s’en convaincre, il suffit de comparer ce X-Men avec une autre adaptation de comics Marvel sortie il y a peu, l’épouvantable Captain America : Civil War de Anthony et Joe Russo. Semblant suivre la doctrine Michael “Transformers” Bay, les deux abominables précités privilégient des enchaînements de combats interminables et des punchlines faisandées, au détriment d’une intrigue solide. Tourné pour Disney, désormais propriétaire de la marque Marvel, leur film n’arrive pas au pneu du Professeur Xavier – lequel, avec les X-Men, résiste encore (pour combien de temps) chez Fox à l’irrésistible et inéluctable absorption par la firme de Burbank. Même Sony a dû se résoudre à laisser filer son tisseur de toiles pour une apparition en forme d’énième reboot (dans Captain America, justement) qui crétinise le personnage en le renfermant dans une sphère régressive.
A contrario, Singer s’applique à déniaiser ses héros, en les plaçant face à une conception du monde plus abrupte. Il creuse leurs failles ; va rechercher l’humain dans les mutants plutôt qu’érotiser à outrance la démonstration de leurs pouvoirs hors normes. Magnéto et Xavier vont souffrir, (re)vivre des traumatismes, éprouver l’injustice de la perte pour apprendre à la surmonter – les Avengers ne sont pas près d’arriver à ce degré de subtilité philosophique, trop occupés à se mettre des peignées surhumaines.
Le mutant chez Singer n’a pas uniquement à se placer face au non-mutant : il doit se positionner en fonction de sa conscience et de son passé, dans l’épaisseur de son être. Son rapport au temps, à la mise en perspective de l’Histoire (et de sa propre histoire), constitue la base de la seconde trilogie X-Men. Singer continue à s’inspirer de la chronologie humaine pour étayer son uchronie mutante, trouvant dans chaque fait avéré un interstice permettant de poursuivre son récit parallèle avec une certaine logique : ici, après l’évocation de la Seconde Guerre mondiale et celle du Viêt Nam, c’est au tour de la Guerre des Étoiles (correspondant à la période de tension maximale entre les États-Unis et l’URSS en 1984) de servir de toile de fond.
Collant à ce point à notre réalité, Singer insiste pour lier les mutants à la communauté humaine, les intégrant de fait, abolissant donc toute déification de ses héros. Là encore, il demeure bien le seul dans sa catégorie…
X-Men : Apocalypse de Bryan Singer (E.-U., 2h23) James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence…
De Bryan Singer (ÉU, 2h23) avec James McAvoy, Michael Fassbender...
De Bryan Singer (ÉU, 2h23) avec James McAvoy, Michael Fassbender...
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Depuis les origines de la civilisation, Apocalypse, le tout premier mutant, a absorbé de nombreux pouvoirs, devenant à la fois immortel et invincible, adoré comme un dieu. Se réveillant après un sommeil de plusieurs milliers d'années et désillusionné par le monde qu'il découvre, il réunit de puissants mutants dont Magneto pour nettoyer l'humanité et régner sur un nouvel ordre. Raven et Professeur X vont joindre leurs forces pour affronter leur plus dangereux ennemi et sauver l'humanité d'une destruction totale.
voir la fiche du filmECRANS par Vincent Raymond le Mercredi 5 juin 2019 | De Simon Kinberg (ÉU, 1h40) avec James McAvoy, Sophie Turner, Michael Fassbender… (...)
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