Il était une fois en AmériqueIl faut prendre du recul pour observer les choses à leur juste mesure : trop près des événements, dans le temps ou l’espace, on s’expose à des approximations oiseuses et des erreurs de parallaxes. C’est pour cette raison qu’un ressortissant du Mexique ou du Minnesota ne fera pas forcément un meilleur analyste de l’histoire américaine que, par exemple, un natif des bords du Tibre. Prenez l'Italien Sergio Leone (1929-1989) : une première trilogie de westerns semi-parodiques l’a conduit à réaliser un triptyque hallucinant de puissance épique. S’ouvrant par le majestueux opéra Il était une fois dans l’Ouest (1969), se poursuivant par une résurgence bouffonne Il était une fois la Révolution (1971), il se parachève avec un monument narratif : Il était une fois en Amérique (1984).

Par cette fresque traversant le XX^e siècle et les rues de New York en tous sens, Leone empiète avec audace sur les plate-bandes de Coppola et Cimino, ces jeunes seigneurs du Nouvel Hollywood encensés (à juste titre) pour avoir porté à l’écran les légendes étasuniennes contemporaines. Il leur chipe même leur interprète fétiche Robert De Niro, devenant ici "Noodles", truand juif de Manhattan. Acoquiné avec Max (James Woods), les deux gangsters suivent un parcours tumultueux durant la Prohibition, entre contrats, amours et casses, au cours d’allers-retours temporels perpétuels, naturellement portés par la musique de Morricone.

Ignominieusement mutilé à sa sortie, le film est proposé par la Cinémathèque dans la plus longue version existante (celle de la restauration de 2012) soit 4h11 pour admirer les lumières du maestro Tonino Delli Colli.

Il était une fois en Amérique
À la Cinémathèque lundi 12 décembre à 19h