Grenoble éprise de courts depuis 40 ans

Projection des films en compétition

Festival / Le Festival du film court en plein air de Grenoble fête du 4 au 8 juillet sa quarantième édition. Si ce rassemblement dédié aux courts-métrages n’est pas le plus grand de France, il est indéniablement le plus ancien. Retour sur son histoire en compagnie de l’un de ses créateurs, le journaliste spécialiste des courts-métrages Gilles Colpart, qui sera d'ailleurs présent samedi 8 juillet pour une conférence sur le festival.

« Les films ne doivent pas dormir dans un tiroir, mais être montrés. » Telle est la devise de la Cinémathèque de Grenoble depuis sa création en 1962. On ne peut qu’approuver. C’est dans cette optique qu’elle organise le Festival du film court en plein air de Grenoble depuis maintenant 40 ans. Et si les projections de courts-métrages place Saint-André attirent aujourd’hui jusqu’à 10 000 personnes, l’événement a pourtant connu des débuts bien plus modestes, lors de sa première édition en 1978.

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Le journaliste Gilles Colpart, chargé de la programmation de cette première édition et maintes fois juré presse lors des suivantes, en garde un souvenir amusé. « Au début c’était très amateur. Le palmarès ne se faisait pas sur une scène. Michel Warren [premier directeur de la Cinémathèque, à l’initiative de la création du festival – NDLR] montait sur une sorte d’échafaudage et faisait les annonces en lisant son papier à la lampe de poche. » Il faut dire que l’ambition à l’origine du projet n’était pas de faire de ce rassemblement ce qu’il est aujourd’hui. « Il n’y avait pas la conscience pleine et entière que l’événement puisse être sérieux. Nous avions simplement le désir très fort de montrer ce que l’on aimait. »

Michel Warren, « un cinéphile qui ne vivait que pour le cinéma »

Si le Festival du film court de Grenoble peut aujourd’hui se targuer d’être le plus ancien rassemblement français dédié au court-métrage encore en activité, c’est donc en grande partie grâce à la détermination de son créateur Michel Warren, mort en 2015. « Je n’en ai pas vu 50 dans ma vie des gars comme ça » affirme Gilles Colpart, qui le décrit comme « un frénétique, toujours dans sa mouvance. Un cinéphile qui ne vivait que pour le cinéma. »

À l’époque, il était sans doute le seul membre de l’équipe fondatrice à avoir eu l’intuition que le festival pourrait perdurer. « Il était persuadé que la rencontre avec le public allait se faire, alors même que beaucoup déclaraient que le court-métrage était en train de mourir. » Mais comme tous les passionnés, il avait une personnalité pour le moins clivante. « Ceux qui ne l’aimaient pas diront que c’était un autocrate mais la réalité est plus complexe. Il était intransigeant sur beaucoup de choses et était capable de se priver d’un film comme Foutaises de Jean-Pierre Jeunet simplement parce qu’il avait été diffusé à la MC2 devant dix personnes six mois plus tôt. »

« Si le festival continue de grandir, il va devoir se réinventer »

C’est donc avec une certaine émotion que Gilles Colpart voit aujourd’hui le festival organiser sa quarantième édition. « C’est magnifique. Je suis admiratif car ce n’était pas totalement gagné. » De fil en aiguille, ce petit rassemblement de passionnés a ainsi gagné en importance. « Chaque année a apporté un petit peu plus que l’année d’avant. » Et même s’il n’a pas connu de croissance fulgurante comme le festival de court-métrage de Clermont-Ferrand, il a grandi à son rythme, pour devenir un rendez-vous attendu des cinéphiles grenoblois et d'ailleurs.

Pour célébrer ce cap, la Cinémathèque invite cette année la réalisatrice et écrivaine Nadine Alcan, qui était présente lors de la première édition. Un haut fait dont peu de monde peut aujourd’hui se vanter. Mais au-delà de ce clin d’œil au passé, le festival a le regard tourné vers l’avenir... Gilles Colpart : « Si le festival continue de grandir, il va devoir se réinventer, se faire dans d’autres lieux. » Ce qui impliquerait donc de quitter la place Saint-André, sur laquelle donne la Cinémathèque, où ont lieu les projections depuis maintenant plusieurs dizaines d’années ? Un lieu qui fait presque autant partie de l’identité de l’événement que les films qui y sont projetés. « Elle est très close et entourée de patrimoine historique, ce qui ne gâte rien. Si l’on doit organiser cela dans un jardin, la magie aura disparu. » Pourrait-on envisager de voir un jour des projections de courts-métrages dans le parc Paul-Mistral ? Possible. Il faudra sans doute attendre quelques années avant d’en savoir plus. « On se donne rendez-vous pour la 400e édition ! »

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